les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
lui et lui sauver la vie. Il vous en aura une profonde
reconnaissance.
A ces mots, Chân-hiên-jîn éprouva une vive émotion.
— Je lui avais bien recommandé, dit-il, d’être respectueux et
réservé avec elle ; mais il n’a pas voulu m’écouter. Ma fille est
d’un caractère ardent comme le feu ; si elle lui porte quelque
mauvais coup, sa considération et la mienne seront fort
compromises.
Sur-le-champ, il ordonna à plusieurs servantes de courir à la hâte
chez sa fille et de lui dire :
— Son Excellence demande la grâce du coupable.
En ce moment, Chân-taï allait abaisser une main homicide et
assommer Tchang-în, mais Ling-kiang-sioué s’efforçait constamment de
retenir son bras, lorsque tout à coup plusieurs servantes accoururent
en criant :
— Son Excellence demande sa grâce.
Chân-taï suspendit son courroux :
— A quoi bon, dit-elle, laisser vivre cet animal forcené ? Pourquoi
mon père vient-il arrêter mon bras ?
— Ce n’est point à cause de lui, reprit Ling-kiang-sioué ; Son
Excellence craint uniquement que son père, dont il est le collègue,
ne perde sa considération.
Dans ce moment, Tchang-în était comme paralysé par la crainte et
restait prosterné contre terre. Dans les premiers moments, il
demandait encore grâce ; mais peu après il se trouva incapable
d’articuler un seul mot. Tout ce qu’il pouvait faire était de frapper
continuellement le sol de son front.
En voyant sa piteuse attitude, Chân-taï se sentit envie de rire, (mais
elle conserva sa gravité).
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