les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
l’autre. Sa joie ne connaissait point de bornes. Il les remit ensuite à une
servante en disant :
— Voici les vers que j’ai faits sur les rimes de votre maîtresse.
Veuillez les lui porter, en la priant de les examiner avec soin.
Mademoiselle Chân est une personne de talent ; naturellement
elle en sentira tout le charme.
La servante prit les vers en souriant ; elle s’empressa de les porter
au haut du pavillon, et les remit à p.551 mademoiselle Chân. Celle-ci,
ayant jeté les yeux sur le papier, y lut ce qui suit 563 :
Celui qui se targue d’un talent sublime ressemble à un lotus
dont les fleurs sont tombées ;
Qu’il ne se compare pas au coton délivré de son enveloppe.
Quoique les vers de Yên et de P’ing soient anciens,
Tchang-tseu de Yun-kiên n’a fait que les écrire de nouveau.
Voici la seconde pièce :
Par leur réunion, les feuilles et les fleurs forment un lotus ;
Quand l’arbre (le mûrier) a grandi, les vers à soie y vivent, et
tous donnent de la soie 564 .
Ne parlons point des événements et de Thsîn et de Tsîn,
racontés dans le Tch’un-thsiéou 565 ;
En le composant, Confucius, d’un coup de pinceau, y a semé de
sévères critiques 566 .
Après avoir lu ces vers, mademoiselle Chân ne put s’empêcher de
rire aux éclats.
— Cet ignorant, s’écria-t-elle, je ne sais pas qui il a chargé de
versifier à sa place ; je vois qu’on l’a bafoué comme il faut.
Elle les relut p.552 encore une fois et dit en elle-même : « Bien que ces
vers ne soient qu’un badinage, le style en est noble et élégant ; il faut
que la personne qui les a faits à sa place ait un talent véritable ; mais
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