les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
obtenu la bienveillance de l’empereur et d’être issue d’une famille
illustre. Quand elle verra de pauvres lettrés comme nous, elle
prendra, j’en suis sûr, un air d’importance et nous traitera avec
hauteur. A quoi bon aller la voir ?
— Au fond, dit P’ing-jou-heng, si nous sommes venus ici après
avoir passé des rivières et franchi des montagnes, c’était
uniquement pour mademoiselle Chân ; et maintenant que nous
sommes arrivés près d’elle, voilà que vous reculez en arrière et
regrettez votre voyage. Auriez-vous oublié ses vers sur les
hirondelles blanches ? Quand mademoiselle Chân devrait nous
recevoir avec hauteur et tromper nos espérances, il faut
absolument la voir une fois. En cas d’échec, nous pourrons
renoncer à elle.
— Puisque tel est votre avis, reprit Yên-pé-hân, je veux bien aller
demain avec vous demander de ses nouvelles ; mais comme
mon cœur est enchaîné, je vous avoue, que je ne me sens pas
beaucoup d’ardeur pour vous suivre.
— Peu importe que vous soyez en train ou non, dit P’ing-jou-
heng, il faut absolument y aller.
Yên-pé-hân, ne pouvant résister à ses instances, fut obligé de se
rendre à son désir. Le lendemain, ils se levèrent et se disposèrent à
partir ensemble.
— Dès que nous serons sortis d’ici, dit P’ing-jou-heng, si nous
allons dire p.472 que nous excellons en poésie, nous exciterons
l’attention publique. Elle se tiendra alors sur ses gardes et, si
nous ne pouvons l’égaler, nous nous attirerons ses sarcasmes et
ses railleries. Il vaut mieux prendre le costume de pauvres
bacheliers, et dire qu’ayant entendu parler de sa réputation,
nous venons lui demander quelque pièce de vers. Une fois
arrivés auprès d’elle, nous épierons une occasion favorable, et au
moment où elle y pensera le moins, nous ferons une ou deux
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