les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Je remercie Son Excellence, a dit M. P’ing, de la bienveillance
qu’il daigne me montrer et de l’honorable union qu’il me
promet 633 . Dès le commencement, c’était là l’objet de mes
espérances jusqu’ici déçues ; c’était là le vœu de ma vie entière.
Seulement je m’affligeais de la malignité du sort. En passant
dernièrement par Yang-tchéou, j’avais fait par hasard une
heureuse rencontre, et j’avais déjà donné aux parents les
présents de noces. Je suis bien coupable d’avoir désobéi à ses
ordres. Après l’examen qui doit avoir lieu dans le palais, qu’il me
permette de me présenter à sa porte et de demander mon
châtiment.
Chân-hiên-jîn ayant reçu cette réponse, en informa Ling-kiang-sioué.
Elle devint muette de colère et ne put articuler un seul mot. Elle sentit
ses membres brisés, et s’abandonna en silence à toute l’amertume de
sa douleur 634 .
La nature ne nous a point faits pour vivre dans la solitude et le
silence. p.632
La supériorité du talent et les affections du cœur prennent leur
source dans la nature.
La beauté se marie au talent, et le talent à la beauté.
Qui pourrait arrêter la nature et étouffer les sentiments ?
Laissons Ling-kiang-sioué se livrer à ses chagrins secrets dans
l’appartement intérieur, et revenons à Yên-pé-hân et à P’ing-jou-heng,
qui, après avoir réussi 635 au concours, avaient été envoyés, grâce à la
bienveillance de l’empereur, au banquet de Khiong-lîn 636 . Ce festin
terminé, ils s’en retournèrent dans leur hôtel. Ils étaient au comble de
la joie. Mais comme Yên-pé-hân n’avait pas encore été s’informer de la
jeune beauté qu’il avait vue au haut du pavillon, il croyait avoir manqué
à ses engagements, et en éprouvait une vive contrariété. Il aurait voulu
trouver un moment de loisir pour aller demander de ses nouvelles, mais
il lui fallait se présenter devant l’empereur pour le remercier de ses
bienfaits, rendre visite au président du concours et aux examinateurs,
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