les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
à rougir, mais notre conduite ne pouvait que faire briller
davantage la souveraine justice et l’impartialité parfaite de Votre
Majesté.
Dès que l’empereur eut entendu ces paroles, sa figure auguste
s’épanouit de joie.
— Tous deux, dit-il, vous avez évité les soupçons et vous vous
êtes dépouillés de tout intérêt privé. De tels sentiments méritent
les plus grands éloges. Si je ne vous eusse point jugés en
personne, je courais le risque de vous punir injustement.
L’empereur appela alors Tchang, le président du ministère de la
magistrature, et lui adressa de sévères réprimandes.
— Tchang, lui dit-il, quoique les concours littéraires puissent
exercer la plus heureuse influence sous le règne d’un empereur
vertueux, il faut mesurer ses forces. Le talent de Chân-taï brille
depuis longtemps dans tout l’empire. Yên-pé-hân et P’ing-jou-
heng, bien que recommandés d’une manière spéciale par le
président du concours, n’ont cependant pas osé concourir
ouvertement avec elle, et ils ont pris chacun un nom supposé
pour juger de sa force. Le fils de Votre Excellence, quoique
dépourvu d’un talent supérieur, est venu hardiment demander sa
main. De plus, il est monté de lui-même au pavillon du pied de
jade, et a eu l’audace de chercher à la séduire. Comment a-t-il
pu manquer à ce point de réserve et de crainte ? Lorsqu’il s’en
revint après avoir été couvert de honte, il devait se livrer au
repentir. Loin de là, il a p.627 excité Votre Excellence à
m’importuner par un rapport mensonger pour assouvir sa
vengeance. C’est le comble de la méchanceté. Je devrais lui
infliger un châtiment rigoureux, mais en considération du zèle et
de l’énergie que vous apportez dans vos fonctions, pour cette fois,
je veux bien lui faire grâce.
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