les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
talent m’a procuré la bienveillance de l’empereur et a répandu au
loin mon nom, j’épouserai un sage semblable à celui que célèbre
la première ode du Livre des vers ; pourrais-je passer l’époque
du mariage sans rencontrer un homme accompli ? Dernièrement,
l’empereur m’a promis Yên-pé-hân ou P’ing-jou-heng ; j’imagine
que sa parole ne sera point vaine ; mais j’ignore pourquoi,
jusqu’ici, je n’ai pas reçu de leurs nouvelles. Les compositions de
Tchang, que vous m’avez communiquées, sont charmantes, il est
vrai, mais je n’en ai pas encore vu l’auteur. J’ignore si elles sont
de lui ou non. Quant au jeune étudiant que j’ai rencontré
aujourd’hui, il me semble que je ne puis douter de sa beauté ni
de son talent. Mais il y a une distance immense entre les nobles
et les roturiers. Il n’a laissé aucune indication qui permette de
chercher sa famille, et, d’un autre côté, je ne puis aller me
proposer moi-même 454 . Quoique je l’aie vu en face de moi, il me
semble, que je suis éloignée de lui par une distance de mille li
(cent lieues) ! Ne suis-je pas obligée de dire que la noblesse de
mon rang et ma vaine renommée ont compromis mon bonheur ?
— Mademoiselle, lui dit Ling-kiang-sioué, c’est une affaire dont
vous n’avez pas besoin de vous inquiéter. Vous p.467 n’auriez
qu’une chose à craindre, ce serait que l’empire ne possédât point
d’hommes de talent. Mais puisque vous voyez, sous vos yeux,
une multitude de lettrés célèbres, vous n’aurez que la peine de
choisir, et cela vous sera d’autant plus aisé que vous avez acquis
par votre talent une brillante réputation. Pourriez-vous craindre
de ne pas trouver, dans le nombre, un homme d’un mérite
accompli ?
— C’est une chose qu’il est impossible de prévoir, dit Chân-taï ;
car les affaires de mariage sont toujours entourées de
mystère 455 .
— A mon sentiment, reprit Ling-kiang-sioué, bien que les
nouvelles compositions de Tchang offrent de beaux vers, il y a
mêlé des poésies de P’ing-jou-heng, et la majeure partie des
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