les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
En entendant ces mots, le préfet ne fit que rire davantage.
— Justement, dit-il, ce sont les vers de p.357 mademoiselle Chân,
et pour preuve, je vais vous réciter les deux derniers vers de la
pièce :
Combien d’âmes charmantes 370 s’égarent au milieu des
colonnes aux brillantes couleurs ?
Quand on relève les jalousies, moi seule je reviens pure et sans
tache.
— Est-ce bien cela ou non ?
Après avoir entendu ces vers, P’ing-jou-heng resta pendant quelque
temps tout interdit 371 .
« Il est évident, se dit-il en lui-même, que ce sont les vers d’une
autre personne qu’il a copiés ;
— mais la pièce sur la chute de la première feuille de l’arbre Ou-
thong 372 qu’il a composée sous mes yeux, direz-vous encore qu’il
l’a copiée et volée ? En effet, ajouta-t-il, hier M. Song-tseu-
tch’ing a composé, sur la chute de la première feuille de l’arbre
Ou-thong, une pièce de vers dans le goût moderne ; ils sont
d’une beauté admirable ; si Votre Excellence me le permet, je
vais les lui réciter.
— Eh bien ! reprit le préfet après un moment de réflexion, ces
vers sur la chute de la première feuille de l’arbre Ou-thong, ne
finissent-ils pas par cette phrase : p.358
Dans les temps de splendeur ou de décadence, il y a un homme
(l’empereur) qui s’afflige le premier.
Après avoir entendu le préfet réciter ces vers, P’ing-jou-heng fit
plusieurs signes de tête :
— C’est bien cela ! c’est bien cela ! s’écria-t-il.
288