les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Excellence, dit Tchang-în, je suis justement venu ici pour
demander des leçons à mademoiselle votre fille : en daignant
m’interroger, elle met le comble à mes vœux.
— Puisqu’il en est ainsi, repartit Chân-hiên-jîn, veuillez vous
rendre auprès d’elle, j’aurai l’honneur de vous attendre en cet
endroit.
Aussitôt, il chargea plusieurs domestiques de le conduire au pavillon
du pied de jade.
Au moment où Tchang-în allait partir, Chân-hiên-jîn lui dit encore :
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— Ma fille est d’un naturel grave et sévère ; de plus, elle ne sait
pas montrer une molle indulgence, et, sous ce rapport, elle ne
ressemble pas au vieillard qui vous parle. Il faut, mon sage ami,
que toutes vos paroles soient discrètes et réservées.
— Seigneur, dit Tchang-în en faisant un profond salut, je suivrai
avec respect vos honorables conseils.
A ces mots, il partit avec les domestiques. « Les paroles du
vieux Chân, dit-il en lui-même, respirent une hauteur excessive. La fille
de ce Ko-lao (ministre d’État) a beau être d’un rang noble et élevé, moi,
le fils du président d’un ministère, je ne suis ni pauvre, ni obscur. Est-
ce qu’elle oserait me traiter avec dédain ? Que puis-je craindre d’elle ?
Si j’avais l’air timide, je ne ferais que m’exposer à tous ses mépris. »
S’étant donc armé de résolution, il suivit les domestiques d’un air
fier et altier, et entra avec eux. Or, comme le pavillon du pied de jade
était situé à l’écart, derrière la maison, avant d’arriver au bas, il passa
devant une multitude de kiosques, de belvédères et de galeries
tortueuses. Les domestiques le prièrent de s’asseoir, et chargèrent les
servantes de monter au haut du pavillon pour l’annoncer. Il y avait peu
d’instants qu’il était assis, lorsqu’il vit descendre de l’étage supérieur
deux jeunes servantes.
— Notre maîtresse, dirent-elles à Tchang-în, désire adresser une
question à Votre Seigneurie : Ces nouvelles compositions de
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