les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
Yên-pé-hân ayant fini d’écrire, une servante prit p.504 aussitôt les
vers et alla les présenter à la jeune fille vêtue de bleu : celle-ci, en les
voyant, laissa échapper un léger sourire. « Ses vers sont beaux, dit-
elle ; seulement il se vante un peu trop. » Elle saisit alors un pinceau,
et sans prendre le temps de réfléchir, elle composa sur-le-champ une
pièce de vers sur les mêmes rimes, et chargea une servante de les lui
porter. Yên-pé-hân déploya la feuille de papier et lut ce qui suit :
Tantôt le talent passe de l’un à l’autre, tantôt il inspire un
sentiment d’affection.
Le style élégant de mille siècles passés se transmet aux mille
siècles suivants ;
Ne dites pas que le style élégant est l’unique partage des
hommes ;
Aujourd’hui, c’est le privilège d’une jeune fille comparable à
Tsîng-lien 494 .
A la lecture de ces vers, Yên-pé-hân resta un instant ébahi. « Quel
merveilleux talent ! s’écria-t-il ; quel merveilleux talent ! quelle rare
facilité ! » Il se leva alors, et faisant de nouveau un profond salut :
— Mademoiselle, dit-il, votre disciple vous a manqué de respect.
La jeune fille vêtue de bleu se leva à son tour et lui rendit son salut :
— Monsieur, lui dit-elle, veuillez conserver votre dignité. Les
expressions communes par lesquelles j’ai répondu à vos rimes,
ne méritent pas ces pompeux éloges. J’ose vous demander si
vous composerez encore quelque quatrain élégant pour mon
instruction.
— p.505 Puisque vous daignez, lui dit-il, ne point me montrer du
mépris, je vais vous offrir encore de méchants vers pour
épancher mes sentiments vulgaires. Il écrivit alors les vers
suivants :
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