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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

Les servantes obéirent, et au bout de quelques instants, Ling-kiang-<br />

sioué monta <strong>les</strong> degrés et entra dans le pavillon. Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong><br />

s’étaient regardées face a face : celle-ci croyait voir une déesse belle<br />

comme <strong>les</strong> per<strong>les</strong> ; celle-là, la charmante Tchang-’o, descendue du<br />

palais de la lune. El<strong>les</strong> furent saisies toutes <strong>deux</strong> d’une admiration<br />

secrète, et s’approchèrent ensuite l’une de l’autre. Chân-taï, qui était<br />

douée d’une vive intelligence, prit d’abord p.248 la parole :<br />

— Vous êtes venue ici, lui dit-elle, pour être servante ; c’est la<br />

condition la plus abjecte. Mais j’ai appris que vous vous flattez<br />

d’exceller en prose élégante et en poésie ; c’est une qualité<br />

extrêmement honorable. Si, pour un instant, je m’abaissais en<br />

vous honorant, je craindrais de perdre ma dignité ; et si, pour un<br />

instant, je vous traitais avec hauteur, je craindrais de perdre une<br />

personne de talent. Eh bien, asseyez-vous un moment, et faites-<br />

moi voir tous vos avantages. Si vous avez quelque peu de<br />

mérite, je me ferai un devoir de vous montrer de la<br />

bienveillance. Qu’en pensez-vous ?<br />

— Mademoiselle, répondit Ling-kiang-sioué, <strong>les</strong> idées que j’avais<br />

dans l’esprit, vous venez de <strong>les</strong> exprimer à ma place en quelques<br />

mots ; que pourrais-je ajouter de plus ? Tout ce que j’ai à faire<br />

est de m’asseoir pour obéir à vos ordres.<br />

Aussitôt elle ramassa sa robe et s’assit en face d’elle.<br />

— Je vois, lui dit Chân-taï, que vos manières n’ont rien de<br />

commun, et que vos sourcils et vos yeux sont pleins de grâce et<br />

d’esprit. Il me semble que ce n’est pas sans raison que vous vous<br />

vantez devant le monde. Si aujourd’hui je vous soumettais toute<br />

seule à un examen, vous diriez sans doute que je me sers de la<br />

puissance d’un maître pour écraser un hôte. Si je voulais<br />

composer avec vous, il ne me serait pas facile de proposer un<br />

sujet. Il vaut mieux trouver un sujet en conférant ensemble, puis<br />

tirer au sort l’une après l’autre pour savoir qui le traitera en vers.<br />

Qu’en pensez-vous ?<br />

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