les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
Ces paroles n’avaient fait qu’enflammer davantage la colère de
Song-sîn.
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sa main.
— Cette petite coquine 200 , s’écria-t-il, comment a-t-elle osé me
manquer à ce point ? C’est abominable ! c’est abominable !
— Monsieur Song, lui dit Tching en riant, je vous prie de vous
calmer. Si ma nièce vous a manqué de respect, vous-même vous
avez manqué de prudence.
— Où voyez-vous, dit Song-sîn, que la prudence m’ait fait défaut ?
— Avant-hier, lui dit Tching, sur l’affiche de ma nièce, il était
clairement écrit : « J’invite les véritables poètes à me donner des
leçons ; que ceux qui n’ont qu’une vaine renommée ne prennent
point la peine de venir. » Monsieur Song, puisque vous faisiez les
vers avec tant de difficulté, vous n’aviez pas besoin de venir.
En achevant ces mots, il fit un éclat de rire qu’il comprima avec
Song-sîn se voyant encore bafoué par le bachelier, étouffait de
honte et de colère. Le rouge lui monta au visage. Alors frappant la table
à coups de poing, il laissa échapper une foule d’injures et s’écria :
— C’est abominable ! c’est abominable !
— Monsieur, lui dit Tching en riant, les gens de lettres qui
passent gaiement leur temps à boire et à faire des vers, sont
tous de la même famille 201 : comment pouvez-vous prendre un
ton aussi grossier ?
Tao et Liéou, voyant Song-sîn abreuvé de mortifications, se
décidèrent à partir.
— Monsieur Song, dirent-ils, il y a des talents de tous les degrés ;
pour le moment, nous ferons bien de partir ; quand vous vous
sentirez en verve, rien ne nous empêchera de revenir.
Song-sîn, profondément abattu, se tenait ramassé en un tas et
n’avait pas la force de répondre.
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