les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— p.510 Ce ne sont point des vers de ma composition, répondit-il ;
c’est une pensée qui m’est venue par hasard 514 .
La jeune fille ne jugea pas à propos de l’interroger là-dessus ; elle
se contenta de lui dire :
— J’étais venue par ordre de ma maîtresse pour vous demander
des leçons 515 ; auriez-vous encore quelque pièce à me montrer
pour mon instruction ?
— Je suis heureux, répondit-il, d’avoir vu la beauté de son
secrétaire. Si après avoir été instruit par ses savantes leçons, et
corrigé par ses avis sévères, j’allais encore lui adresser une
demande en termes vains et frivoles, ce serait me rendre
coupable envers elle.
— Monsieur, reprit la jeune fille vêtue de bleu, puisque vous
n’avez plus d’ordres à me donner, je vais vous offrir mes adieux ;
mais je vous dirai encore un mot pour vous adresser une prière
au nom de ma maîtresse.
Elle prit alors un pinceau, et ayant déployé une feuille de papier, elle
écrivit un quatrain qu’elle envoya par une servante à Yên-pé-hân.
— Monsieur, lui dit-elle en se levant, je vous prie de lire ces vers
à loisir. Pour moi, obligée d’aller rendre réponse à ma maîtresse,
je n’oserais rester plus longtemps.
A ces mots, elle appela ses servantes et partit au milieu d’elles. Ce
que voyant Yên-pé-hân, il resta bouleversé comme s’il eût tout perdu.
Apres un long trouble, semblable au délire, il reprit les vers et lut ce qui
suit : p.511
Le talent est le merveilleux privilège de l’homme ; il faut que
tout le monde l’aime.
Ne me blâmez pas si je le charge de recueillir, comme un
papillon, le parfum des fleurs.
Quoique le fard et la céruse salisse mon visage,
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