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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

CHAPITRE VIII<br />

DANS L’APPARTEMENT INTÉRIEUR, LE TALENT<br />

NE LE CÈDE POINT AU TALENT<br />

p.229<br />

P’ing-jou-heng, debout devant le temple, observait de loin la<br />

jeune fille qui avait composé <strong>les</strong> vers. Il n’y avait pas longtemps qu’il se<br />

tenait là, lorsqu’il vit, au milieu du temple, une multitude de personnes<br />

qui entouraient une jeune fille aux cheveux flottants et qui en sortaient<br />

à pas pressés. L’ayant subitement regardée de tous ses yeux 226 , il fut<br />

frappé de la finesse de ses sourcils et de l’éclat de son teint, ainsi que<br />

de la grâce et de la légèreté de sa démarche. Il fut réellement plus ému<br />

que s’il eût rencontré la belle Chi-tseu 227 , surnommée Mao-tsiang.<br />

Dans l’excès de son admiration et de sa joie, P’ing-jou-heng éprouva<br />

une sorte de délire, de sorte qu’il perdit un instant l’usage de ses sens.<br />

Lorsqu’il voulut jeter encore un coup d’œil, cette jeune fille, cédant aux<br />

instances d’une multitude de personnes, s’était déjà embarquée et<br />

avait p.230 disparu en un clin d’œil. P’ing-jou-heng resta debout à<br />

l’embouchure du fleuve, immobile comme une statue de pierre, en<br />

regardant dans le lointain du côté du nord. Lorsqu’il eut perdu de vue<br />

l’ombre de la barque, il baissa tristement <strong>les</strong> yeux. Il voulut s’en<br />

retourner, mais ses membres étaient brisés, et il était incapable de<br />

faire un pas. Ne sachant quel parti prendre, il s’efforça d’aller en face<br />

du temple et s’assit sur un tas de pierres. « Je ne pensais pas, se dit-il<br />

en lui-même, qu’il y eût dans le monde une jeune fille de talent, d’un<br />

extérieur aussi distingué et d’une figure aussi charmante. Pour moi,<br />

P’ing-jou-heng, qui ai l’air d’un fou, à quoi suis-je bon ? Si l’on m’eût<br />

raconté cette merveille, j’aurais craint que ce ne fût un conte, mais<br />

aujourd’hui je l’ai vue de mes propres yeux ; l’âge qu’elle se donne se<br />

rapporte bien à sa personne, et il va sans dire que c’est elle qui a<br />

composé <strong>les</strong> vers tracés sur le mur : il m’est impossible d’en douter. Si<br />

P’ing-jou-heng ne meurt pas à cette seule pensée, il en mourra de<br />

191<br />

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