les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
hommages. Leurs salutations achevées, Wang les pria de s’asseoir,
mais ils s’en excusèrent poliment.
— En voyage, dit Wang, cela est sans inconvénient.
Ils furent donc obligés de lui obéir. Alors Wang les interrogea.
— J’ai adressé, leur dit-il, un rapport à l’empereur pour vous
recommander d’une manière particulière. Sa Majesté daigna
l’approuver et rendit un décret qui vous appelait à la capitale. En
vertu de ses ordres suprêmes, je vous ai cherchés partout sans
pouvoir trouver vos traces ; dites-moi, mes sages amis, pourquoi
vous êtes ici ?
— Seigneur, répondit Yên-pé-hân, nous sommes heureux, M.
P’ing et moi, d’avoir été soutenus et protégés par Votre
Excellence ; nous en éprouvons une reconnaissance sans bornes.
Mais comme auparavant nous avions entrepris un voyage pour
notre instruction, nous p.576 ignorions que Sa Majesté eût rendu
un décret pour nous mander (à la cour). Nous avons méconnu
les bienfaits de l’empereur et nous avons manqué de répondre à
la haute bienveillance de Votre Excellence, qui a daigné nous
mettre en évidence et nous recommander. C’est un crime
énorme ! c’est un crime énorme !
— Puisque vous n’en saviez rien, reprit Wang, n’en parlons plus ;
je suis charmé d’avoir été assez heureux pour vous rencontrer
aujourd’hui. Veuillez me suivre à la capitale, où je dois aller
rendre compte de ma commission. Dès que vous aurez été admis
en présence de l’empereur, vous ne pouvez manquer d’obtenir
une charge élevée.
— Seigneur, répondirent-ils ensemble, si vous présentez à Sa
Majesté d’obscurs bacheliers comme des hôtes distingués, cette
haute bienveillance, à laquelle nous devrons notre élévation,
méritera d’arriver à la postérité la plus reculée. Seulement, nous
savons que pour porter le nom le plus glorieux de tout l’empire, il
faut avoir un talent assez élevé pour effacer tous les hommes de
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