les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
accomplis. Mais tout à coup sont survenus ces propos calomnieux.
Quand même cette affaire se terminerait sans bruit, obligée
d’éviter les soupçons, je n’oserais plus consentir à ce mariage ;
et cependant ce serait là un homme de talent. Il n’y a que ce
jeune étudiant que j’ai vu au bas du pavillon qui me plairait
complètement ; mais semblable à une algue qui flotte à la
surface p.604 du vaste océan, il ne fixe ses pas nulle part. Quant
aux deux ou trois hommes de talent dont vous parliez tout à
l’heure, dites-moi un peu où ils sont maintenant.
— Mademoiselle, reprit Ling-kiang-sioué, comme Tchang-în vous
a indignement calomniée, vous en avez ressenti une juste colère.
Si vous ne parlez que de ce qui frappe vos yeux, vous avez
parfaitement raison. Voici mon humble avis : Vous aurez cette
année seize ans ; c’est le printemps de la jeunesse, et il s’en faut
de beaucoup que vous ayez passé l’âge du mariage 615 . Ce n’est
pas tout : Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng ont été recommandés
ensemble à l’empereur. P’ing-jou-heng est celui en qui j’ai mis
ma confiance ; d’un autre côté, il est permis de penser que Yên-
pé-hân n’est pas dépourvu de talent. S’ils ont refusé de répondre
à l’appel impérial pour se rendre au concours, c’est que chaque
lettré a ses vues particulières. A la fin, un jour viendra où ils
paraîtront avec éclat. Qui vous empêche d’attendre un peu ?
Quant à Tchao-tsong et à Tsiên-hong, en mesurant leur talent,
vous avez obéi au décret de l’empereur, et en composant avec
eux, à l’ordre de votre père. Quels soupçons auriez -vous à éviter ?
Pour ce qui regarde le jeune étudiant que vous avez vu au bas du
pavillon, vous l’avez rencontré par un pur hasard, et sans
intention. De plus, lorsqu’on choisit un époux vertueux et
honorable, on ne fait que se p.605 conformer aux excellents
préceptes du Livre des vers. Dans votre conduite, il n’y a rien eu
de clandestin. Si vous vous livrez encore à cette douleur amère,
je vais de suite expliquer tout au premier ministre et envoyer à
la recherche de ce jeune homme ; peut-être que Son Excellence
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