les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
CHAPITRE XVI
DÉGUISÉES EN SERVANTES, ELLES TERRASSENT
HABILEMENT DES HOMMES DE TALENT
p.484
Le bonze Pou-hoeï reconduisit Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng
jusqu’en dehors de la porte, puis il rentra dans l’intérieur du couvent.
Ayant arrêté ses yeux sur le mur 465 , il se dit en riant : « Ces deux
jeunes lettrés sont vraiment fous. Ils ont beau avoir une figure
distinguée, comment sont-ils assez extravagants pour se flatter de
persifler mademoiselle Chân ? Si, après avoir parlé avec jactance, ils
s’esquivaient sans revenir, ce serait faire preuve d’adresse ; mais s’ils
reviennent réellement, quand il ne leur arriverait aucun mal, ils ne
peuvent manquer d’être couverts de honte. »
Il n’avait pas achevé ces réflexions, lorsque, tout à coup, Chân-hiên-
jîn, suivi de deux jeunes domestiques, entra, en se promenant, dans le
couvent. Apercevant Pou-hoeï qui était tourné vers le mur, et parlait
tout seul :
— Vénérable maître, lui dit-il, que regardez-vous là ?
p.485 Pou-hoeï se retourna soudain, et le reconnaissant,
— Quoi ! dit-il, c’est Votre Excellence ! Il y a quelques jours que
vous n’êtes venu. J’avais appris que mademoiselle votre fille était
malade ; j’imagine que maintenant elle est rétablie.
— En effet, dit Chân-hiên-jîn, ma fille s’est trouvée indisposée, et
c’est ce qui m’a empêché de venir. Heureusement qu’aujourd’hui
elle va un peu mieux. Voyant que le temps était beau, je suis
venu me promener jusqu’ici. Mais dites-moi un peu, que
marmottiez-vous tout seul, les yeux fixés sur ce mur ?
— Si je vous contais cette affaire, répondit Pou-hoeï, vous diriez
certainement que ce sont des propos ridicules.
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