les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
mourir de dépit. Il faut songer que ce jeune seigneur, quoique
dépourvu de talent, était le fils du président des inspecteurs
généraux ; aussi ne put-il digérer cette dure avanie, et lui lança
à la face quelques mots un peu vifs.
— Ah ! ah ! dit mademoiselle Chân, cet individu ose me manquer
de respect ! Sur-le-champ, elle ordonna à ses domestiques
d’ouvrir le pavillon du pied de jade et de prendre le sceptre d’or
pour l’assommer. Heureusement que Son Excellence Chân,
craignant la colère de Ou, le président des inspecteurs généraux,
ordonna secrètement aux domestiques de faire évader ce jeune
seigneur. Le lendemain, mademoiselle Chân adressa à
l’empereur un rapport où elle disait : « Le jeune seigneur Ou
s’est permis de pénétrer dans le pavillon du pied de jade, et il a
eu l’audace de tenir devant moi des propos inconvenants. Il n’a
ni l’air ni la tenue d’un lettré. » L’empereur fut transporté de
colère, et il voulait le châtier avec rigueur. Par bonheur pour lui,
le président des inspecteurs généraux avait, en dedans et au
dehors du palais, des amis influents qui arrangèrent cette affaire.
Néanmoins, il rendit sur-le-champ un décret ainsi conçu :
« Comme Ou, le président des inspecteurs généraux, n’élève pas
son fils avec la sévérité convenable, pour sa peine, il sera privé
de ses appointements pendant trois mois. Quant à son fils, vu
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qu’il ne tient pas la conduite honorable d’un lettré, il
descendra au rang de Tchou-po 458 .
— Maintenant, messieurs, ajouta Pou-hoeï, dites-moi un peu s’il
fait bon la provoquer à la légère ? Aussi vous ai-je dit qu’il vaut
mieux ne la pas rencontrer que de la rencontrer.
— Quelle satire a-t-elle donc faite contre lui, demanda Yên-pé-
hân, pour qu’il en ait conçu une si violente colère ?
— Cette pièce a circulé partout, répondit Pou-hoeï, qui est-ce qui
ne l’a pas lue en riant (à ses dépens) ? J’en ai encore une copie
sur moi ; je vais vous la montrer pour vous divertir un instant.
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