03.07.2013 Views

les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

des robes bleues 272 , ce serait encore trop d’honneur pour moi.<br />

Comment oserais-je souffrir qu’on m’honore comme un hôte ?<br />

— Il est bien difficile, repartit Chân-taï, de former des liaisons<br />

littéraires. Maintenant, j’ai eu le bonheur d’entrer en rapports<br />

avec vous ; cela peut s’appeler une merveilleuse rencontre.<br />

Qu’est-il besoin de tenir un si humble langage ?<br />

Ling-kiang-sioué, ne pouvant refuser plus longtemps, se vit obligée<br />

de lui offrir <strong>les</strong> salutations usitées entre p.259 l’hôte et le maître. Cette<br />

cérémonie achevée, el<strong>les</strong> s’assirent chacune à part, et <strong>les</strong> servantes<br />

leur apportèrent le thé. Chân-taï prit alors la parole :<br />

— Mademoiselle, lui demanda-t-elle, avec un talent aussi<br />

éminent que le vôtre, comment n’êtes-vous pas déjà fiancée à un<br />

docteur ? comment se fait-il que vous soyez restée dans une<br />

condition aussi abjecte ?<br />

— Votre humble servante, lui répandit Ling-kiang-sioué, ayant eu<br />

le malheur de perdre sa mère dans son enfance, elle n’a eu<br />

personne pour l’instruire. D’un autre côté, mon père, qui avait<br />

pour moi une affection aveugle, me laissait faire toutes mes<br />

volontés. Ajoutez à cela que, fière d’un faible talent littéraire, je<br />

ne promettais pas ma main à la légère. Je disais habituellement<br />

à mon père que je ne ferais attention ni à la nob<strong>les</strong>se, ni à<br />

l’obscurité du rang, ni à la beauté, ni à la laideur, et que j’étais<br />

absolument décidée à n’épouser 273 qu’un homme dont le talent<br />

pût aller de pair avec le mien. Avant-hier, mon père, ayant<br />

découvert un certain Song, dont <strong>les</strong> compositions poétiques<br />

faisaient grand bruit dans le monde, il s’imagina que c’était un<br />

homme de talent, et l’invita à venir composer avec moi. Mais, à<br />

notre grande surprise, il n’avait qu’une fausse réputation et ne<br />

possédait pas un atome de vrai savoir. Votre servante l’ayant<br />

accablé de sarcasmes et de railleries, il s’est trouvé couvert de<br />

honte. Voilà pourquoi il s’est servi exprès de l’autorité du préfet<br />

Téou pour me ravaler jusqu’à la condition de p.260 servante. Je<br />

212

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!