les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
Tchang-hia-chi, le président du ministère de la magistrature, frappa
aussitôt la terre de son front, et après avoir avoué son crime, il
remercia l’empereur de sa générosité.
L’empereur se disposait à appeler Chân-hiên-jîn, afin de lui
appendre ce qu’il avait fait pour lui choisir un gendre, lorsque soudain
on afficha à la porte du palais la liste (des docteurs). Le président du
concours l’ayant présentée d’avance à l’empereur, il y jeta les yeux et
vit que le premier en tête était Yên-pé-hân, et le second, P’ing-jou-
heng. Sa figure majestueuse rayonna de joie.
Dans ce moment, Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng étaient encore à
genoux, et la tête baissée vers la terre. L’empereur leur ordonna de se
lever, et chargea un des officiers qui se tenaient à ses côtés de leur
présenter la liste des docteurs.
Ces deux jeunes gens, qui étaient entrés chargés de chaînes dans le
palais, et dont Tchang-în venait de révéler le vrai nom, palpitaient
d’une crainte secrète, et redoutaient quelque malheur imprévu ; ils
étaient loin de songer s’ils avaient obtenu ou non le grade de docteur.
Mais lorsqu’ils virent que l’empereur les interrogeait d’un air doux et
affable, sans les soumettre à un examen rigoureux, et qu’ils avaient
obtenu les deux p.628 premiers rangs, on aurait pu les comparer à de
misérables démons qui se verraient tout à coup métamorphosés en
dieux. Comment n’auraient-ils pas été au comble de la joie ? Soudain,
ils se prosternent jusqu’à terre, pour témoigner à l’empereur leur
reconnaissance.
— Vos augustes bienfaits, dirent-ils, sont si grands et si
magnifiques, que le sacrifice de notre vie n’en pourrait payer la
dix-millième partie.
— On peut dire de vous, reprit l’empereur, que sans appui ni
protection vous avez acquis le rang supérieur auquel vous
aspiriez ; aujourd’hui, ajouta-t-il, allez terminer vos affaires ; un
autre jour, je vous inviterai à venir composer devant mon trône
avec Chân-taï, pour justifier complètement votre présentation.
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