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últimas corrientes teóricas en los estudios de traducción - Gredos ...

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MARIA EDUARDA KEATING–LES VOYAGES DES LETTRES PORTUGAISES<br />

Salazar, la polémique <strong>de</strong>s origines et la lecture <strong>de</strong>s Lettres fur<strong>en</strong>t effacées au profit <strong>de</strong> la<br />

“nationalisation” du texte.<br />

Ce n’est qu’à partir <strong>de</strong>s années 50 que les Lettres “chang<strong>en</strong>t <strong>de</strong> face” et que les<br />

discussions <strong>de</strong> l’origine sont définitivem<strong>en</strong>t remplacées par la lecture du texte proprem<strong>en</strong>t<br />

dit. On verra ainsi paraître au Portugal <strong>de</strong> nouvelles traductions et éditions dans lesquelles<br />

le texte est prés<strong>en</strong>té et perçu comme une oeuvre littéraire et, <strong>en</strong> même temps, comme un<br />

cri <strong>de</strong> liberté dans une société que la c<strong>en</strong>sure et le conservatisme moraliste <strong>de</strong> l’époque<br />

r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t parfois insupportablem<strong>en</strong>t étouffante.<br />

Signalons, dans ce contexte, le scandale <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong>s Novas Cartas Portuguesas<br />

<strong>en</strong> 1972, par les “três Marias”, Maria Velho da Costa, Maria Isabel Barr<strong>en</strong>o et Maria Teresa<br />

Horta. Cette re-création contemporaine <strong>de</strong>s Lettres Portugaises par trois féministes a été elle<br />

aussi, comme son lointain modèle du 17 e siècle, mais pour <strong>de</strong>s raisons bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes, un<br />

cas <strong>de</strong> succès éditorial et <strong>de</strong> traduction <strong>en</strong> plusieurs langues. Livre-scandale parce qu’il<br />

affirmait et exprimait la s<strong>en</strong>sualité et la sexualité <strong>de</strong>s femmes, il a constitué une <strong>de</strong>s<br />

premières victoires <strong>de</strong> la liberté d’expression et <strong>de</strong> création contre une dictature mourante –<br />

les trois femmes-écrivains, accusées “d’att<strong>en</strong>tat à la pu<strong>de</strong>ur” par l’Etat fasciste ont gagné le<br />

procès au tribunal <strong>en</strong> 1972. Les Lettres Portugaises avai<strong>en</strong>t ainsi inspiré, trois c<strong>en</strong>ts ans plus<br />

tard, un manifeste féministe, affirmant la liberté sexuelle et l’expression <strong>de</strong>s désirs et <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong>s femmes.<br />

J’aimerais, pour finir, signaler <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s traductions portugaises les plus réc<strong>en</strong>tes du<br />

texte <strong>de</strong> 1669, signées par <strong>de</strong>ux poètes portugais contemporains. La première, éditée <strong>en</strong><br />

1969 pour signaler le tric<strong>en</strong>t<strong>en</strong>naire <strong>de</strong> l’édition Barbin, est <strong>de</strong> Eugénio <strong>de</strong> Andra<strong>de</strong>, la<br />

<strong>de</strong>uxième, éditée récemm<strong>en</strong>t (mai 2000), est <strong>de</strong> Pedro Tam<strong>en</strong>. Il s’agit dans ces <strong>de</strong>ux cas<br />

d’éditions bilingues et <strong>de</strong> livres d’artiste à tirage limité (620 exemplaires pour l’édition <strong>de</strong><br />

1969, 250 pour celle <strong>de</strong> 2000) ayant eu la participation d’un poète et d’un artiste plastique:<br />

la traduction <strong>de</strong> Eugénio <strong>de</strong> Andra<strong>de</strong> (Inova Lda) est accompagnée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins du sculpteur<br />

José Rodrigues, celle <strong>de</strong> Pedro Tam<strong>en</strong> (Tiragem Lda) <strong>de</strong> peintures <strong>de</strong> António Mira.<br />

Curieusem<strong>en</strong>t, l’édition <strong>de</strong> 1969 prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> couverture un titre – Lettres portugaises – et un<br />

soustitre – attribuées à Mariana Alcoforado: elle remet ainsi la querelle auctoriale,<br />

matériellem<strong>en</strong>t, vers l’extérieur du texte – vers sa couverture - autonomisant le texte <strong>de</strong>s<br />

Lettres, délivré <strong>de</strong> démonstrations extra-textuelles. Les Lettres Portugaises sont <strong>en</strong>fin<br />

<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ues affaire <strong>de</strong> poètes et d’artistes, expression lyrique <strong>de</strong> l’amour et du désespoir. Le<br />

but <strong>de</strong> ces traducteurs est nettem<strong>en</strong>t celui <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre lisible, pour un lecteur portugais<br />

contemporain, un texte qui se rapproche autant que possible du texte publié au 17 e siècle.<br />

Comme l’explique Eugénio <strong>de</strong> Andra<strong>de</strong> dans sa préface à l’édition <strong>de</strong> 1969, “une<br />

traduction, dans la mesure où elle est, dans la meilleure <strong>de</strong>s hypothèses, une approximation,<br />

ne sera jamais finie”.<br />

C’est ainsi que l’effacem<strong>en</strong>t originel <strong>de</strong>s Lettres Portugaises et leur statut assumé <strong>de</strong><br />

texte “<strong>en</strong> secon<strong>de</strong> main” ont décl<strong>en</strong>ché tout un réseau <strong>de</strong> contacts, <strong>de</strong> lectures, <strong>de</strong><br />

réécritures et d’échanges divers ayant dépassé largem<strong>en</strong>t les langues et les espaces<br />

nationaux. Elles ont ainsi contribué à façonner ce que l’on a conv<strong>en</strong>u d’appeler “la culture<br />

europé<strong>en</strong>ne”, autrem<strong>en</strong>t dit, une culture qui est obstiném<strong>en</strong>t fondée sur la recherche<br />

d’id<strong>en</strong>tité et sur l’altérité. Comme dit Meschonnic,<br />

L’Europe, à la différ<strong>en</strong>ce d’autres cultures c<strong>en</strong>trées sur elles-mêmes, est d’origine<br />

pluriculturelle, originellem<strong>en</strong>t, constamm<strong>en</strong>t traductrice, <strong>de</strong> son début méditerrané<strong>en</strong>, à la<br />

Rome héll<strong>en</strong>isante, au Moy<strong>en</strong> Age où Aristote passe par le syri<strong>en</strong> et l’arabe avant <strong>de</strong> se lire<br />

<strong>en</strong> latin, au XVIe siècle où Calepin fait un dictionnaire dont la <strong>de</strong>rnière édition était <strong>en</strong> onze<br />

langues. L’Europe, dès ses comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>ts et ses intermitt<strong>en</strong>ces, n’a cessé <strong>de</strong> traduire, du<br />

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