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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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Mais cette autonomie extérieure au travail n’est-elle pas d’autant plusappréciée et recherchée que s’accentue la dépendance à l’intérieur du travail même? Lesprofessions indépendantes perdent continûment de l’importance face au progrès du salariat. Siune organisation de plus en plus globale, de plus en plus complexe et hiérarchisée améliorel’efficacité de l’effort humain, permet une plus grande maîtrise de l’économie et ouvre lapossibilité de réduire des fléaux comme la famine et le chômage, elle a jusqu’ici multiplié dumême coup les tâches parcellaires et répétitives, éloigné le travailleur du produit de sontravail, accru sa dépendance à l’égard d’une organisation impersonnelle.Le «travail en miettes 164 », selon l’expression de G. FRIEDMANN, a été mis aupremier plan des sources de frustration supportées par le travailleur industriel, plus souvent,semble-t-il d’ailleurs, par des observateurs étrangers que par l’intéressé lui-même. Sans doutela plupart des ouvriers souhaitent-ils trouver plus d’intérêt à leurs tâches quotidiennes, mais laplupart des tâches agricoles d’autrefois, les travaux domestiques de toujours sont eux aussifastidieux et limités sans rien devoir de leur ennui à la division du travail. Mais ce qui ajoute àla pénibilité des tâches de l’ouvrier spécialisé (O.S.), ce sont les diverses formes dedépendance qui en accompagnent l’accomplissement.À la dépendance sociale qui, à l’intérieur du travail, remplace la dépendancepaysanne à l’égard des éléments, une proportion non négligeable de salariés essaient toujoursd’échapper; nombreux sont les ouvriers qui rêvent de s’installer à leur compte, un sur cinqd’après une enquête française de G. ADAM 165 en 1970; quelques-uns le tentent effectivementà leurs risques et périls, et à contre-courant, puisque l’importance du nombre des salariés necesse de croître, qu’elle atteint en 1982, 84 % de la population active française, autant quedans le Royaume-Uni, connu pour sa faible population d’agriculteurs, et, puisque denombreux employeurs petits ou moyens qui n’ont jamais connu le salariat sont obligés del’envisager pour leurs enfants, sinon pour eux-mêmes.Le statut du salarié est celui qui souligne le plus la dépendance à la fois sociale,économique et technique à travers laquelle s’impose la contrainte première du travail, puisquele contenu des fonctions, le rythme même des tâches sont définis par l’employeur ou par desservices d’organisation du travail dont le premier souci est de réduire les coûts. La division dutravail ne consiste plus sans doute, comme dans l’exemple décrit par Adam SMITH 166 auXVIIIe siècle, à partager la fabrication d’une épingle entre plusieurs ouvriers; aujourd’hui, ils’agit de servir des machines très spécialisées. Les ouvriers spécialisés qui exécutent ce travailne représentaient en France en 1975 que 14,5 % de la population active; le travail à la chaînelui-même n’en concerne pas la moitié, du fait que seules les grandes séries justifient l’emploid’un tel système, mais ces tâches ont pris valeur de symbole: limitées, définies par untechnicien autre que l’exécutant, à la fois dans leurs cadences et dans leurs méthodes, elles ontfourni l’image de la contrainte la plus poussée qui puisse s’exercer sur le travail humain.164FRIEDMAN, Georges, Le Travail en miettes, Paris : Éd. Gallimard, 347 p,1956.165L'enquête sur l'ouvrier français en 1970 a été réalisée dans le cadre duCEVIPOF (Centre d'étude de la vie politique française, FNSP et CNRS) parune équipe de quatre chercheurs, Gérard ADAM, Frédéric BON, JacquesCAPDEVIEL<strong>LE</strong> et René MOURI<strong>AUX</strong>, placée sous la responsabilité de GeorgesLAVAU.166SMITH, A.,Recherche sur la nature et les causes de la richesse desnations, 1776, Tome 1 et 2, Traduction Nouvelle, Flammarion, Paris, 1992.125

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