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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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accusé de libéralisme, sur Jacques CHIRAC. L’offensive échoue: la motion soutenue par lesdeux compères n’obtient qu’un tiers des voix aux Assises nationales du Bourget – mais ledéputé des Vosges a pris date. C’est le débat sur la ratification du traité de Maastricht qui vadéfinitivement l’installer dans «la cour des grands». Dans la nuit du 5 au 6 mai 1992, àl’Assemblée nationale, Philippe SEGUIN défend pendant plus de deux heures une motiond’exception d’irrecevabilité qui vise à rejeter la réforme constitutionnelle devant permettre laratification du traité. À la surprise générale, l’opposition se divise. Pendant plusieurssemaines, le député des Vosges va sillonner la France pour expliquer, à grand renfort depédagogie, en quoi ce traité «technocratique» lui semble négatif. Malgré la compagnie defortes personnalités (Charles PASQUA, Philippe DE VILLIERS, Jean-PierreCHEVENEMENT, sans oublier Jean-Marie <strong>LE</strong> PEN et Georges MARCHAIS), il s’imposecomme le chef de file du non. Sa primauté est reconnue par François MITTERRAND luimêmequi en fait son contradicteur lors d’un débat télévisé, le 3 septembre. Le non échoued’un cheveu, à 49 %. Après les élections législatives de mars 1993, il refuse d’entrer dans legouvernement BALLADUR et se fait élire président de l’Assemblée nationale. Là encore, ilimprime sa marque, réhabilite le «vote personnel» des députés, invite des chefs d’Étatétrangers à s’exprimer dans l’hémicycle, encourage les commissions d’enquêtes ou lesmissions d’information, obtient de Jacques CHIRAC l’instauration d’une session unique duParlement. Le maire de Paris trouvera en lui l’un de ses plus précieux alliés et l’un de sesprincipaux inspirateurs pour la campagne présidentielle de 1995. Pourtant, les relations entreles deux hommes n’ont jamais été simples. L’actuel chef de l’État se méfie du caractèreombrageux de son ancien ministre; lequel souffre depuis toujours de ce qu’il estime être unmanque de reconnaissance et d’une préférence régulièrement marquée pour Alain JUPPE.Entre Jacques CHIRAC et Philippe SEGUIN, on l’a vu, la période des malentendus acommencé tôt, dès la présidence de Georges POMPIDOU. Plus tard, les multiples frondes dudéputé des Vosges irritent celui de la Corrèze: «M. SEGUIN est d’abord séguiniste», observet-ildès 1984. Le libéralisme chiraquien des années 1980 mais aussi le double échec à laprésidentielle agacent le maire d’Épinal: «Le R.P.R. a autre chose à faire que de soutenir lescandidatures présidentielles de M. CHIRAC», grogne-t-il en août 1988. Même lorsquel’éloignement du pouvoir et l’antiballadurisme naissant devraient rapprocher les deuxhommes, ils ont du mal à s’entendre. Quand, à l’université d’été du R.P.R. de Strasbourg, enseptembre 1993, Philippe SEGUIN prononce un fougueux plaidoyer en faveur de JacquesCHIRAC, invité à «montrer et ouvrir la route», l’intéressé répond par un hommage à... AlainJUPPE, «le meilleur d’entre nous». Philippe SEGUIN n’aura cessé de retrouver Alain JUPPEsur sa route. «Ce sera lui ou moi», pronostiquait-il dès 1979. Ce fut souvent «lui». CHIRACdonne au premier le secrétariat général du R.P.R. en 1988, puis la présidence du même R.P.R.en 1994, enfin Matignon en 1995. À SEGUIN, il proposera alors la mairie de Paris, un lot deconsolation à l’arrière-goût de cadeau empoisonné. Il semble que la méfiance du président dela République envers Philippe SEGUIN repose avant tout sur le caractère de ce dernier. Car leprésident de l’Assemblée nationale s’est fait connaître dans le monde politique pour sescolères légendaires, par une répugnance à se constituer des réseaux, qui fait de lui un solitaire,et par un pessimisme qui le conduit à porter un regard acerbe sur ses contemporains commesur lui-même. Pour un bon mot (souvent cruel), pour une remarque blessante, PhilippeSEGUIN s’est créé beaucoup d’ennemis tout en laissant s’éloigner des fidèles qui lui étaientdévoués. Travailleur acharné – il rédige lui-même ses discours –, personnage boulimique – ilalterne les orgies de pizzas et les régimes draconiens –, Philippe SEGUIN a conservé del’enfance une certaine timidité. Sa déférence ostentatoire lors de son débat avec FrançoisMITTERRAND ne s’explique pas autrement. Mais elle a sur le moment consterné amis etadversaires. À la veille des élections législatives anticipées du printemps de 1997, après deuxans de septennat chiraquien, plusieurs se posaient la question du destin de Philippe SEGUIN.720

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