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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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populations de chômeurs (quartier, village ou ville), on voit apparaître des tendances dumême ordre. La réaction de groupe est plus celle de la communauté locale que celle deschômeurs eux-mêmes. En ce sens, l’intégration à une communauté locale réduit l’isolementde chaque chômeur, mais empêche la formation d’un groupe strictement fondé sur la situationde chômage. Ce phénomène devient aujourd’hui de plus en plus rare en raison del’effondrement des communautés locales traditionnelles.En dehors des deux types de populations qui viennent d’être considérés, il n’ya pratiquement aucune cohésion entre les chômeurs. Sans doute la situation de chômage estelleun puissant facteur de communauté, et il y en a bien d’autres, dans les conditions de vienotamment. Mais lorsque le chômage est de faible ampleur, les chômeurs ne peuventaucunement former une communauté. Les facteurs de dissociation l’emportent sur lesconditions favorables à l’unité collective. Il en est ainsi quand le chômeur chronique domine,ou même quand il est associé au chômeur de transition. Ce dernier est à peine un chômeur, ilpasse facilement d’un emploi à un autre, il ne reste pas en chômage, il n’a pas conscienced’être chômeur. Le chômeur chronique, quant à lui, est le plus souvent découragé et enfermédans son cas personnel. On voit donc apparaître des réactions individualistes qui interdisenttoute possibilité de groupement. Les chômeurs ne sont plus qu’une «masse» à très médiocreréseau de communications, où le «nous» actif capable de structurer la population est vécu parun très petit noyau, et même le plus souvent n’existe pas.Le chômeur est un travailleur privé d’emploi. La privation d’emploi, commedonnée objective et comme réalité vécue, prend des formes variées selon les sociétés et lescultures, selon les groupes sociaux auxquels appartiennent les chômeurs. Dans une société oùles sujets qui disposent seulement de leur force de travail sont soumis au salariat, la privationd’emploi est privation de ressources. Même lorsqu’il existe un système d’allocation oud’assurance, il y a toujours une réduction du revenu antérieur. D’autre part, l’aide auxchômeurs est en général limitée dans le temps, à moins qu’elle ne diminue avec la durée duchômage. Les répercussions de cette privation sont importantes. Le niveau de vie et le statutsocio-économique des chômeurs sont atteints, surtout lorsque les chômeurs sont responsablesd’un ménage. Les privations qui s’ensuivent ne concernent pas seulement des élémentssuperflus du train de vie: on a pu observer en France – avant la création des ASSEDIC(Associations pour l’emploi dans l’industrie et le commerce) qui versent un complémentd’allocation aux chômeurs – des carences alimentaires graves dans certaines familles dechômeurs ainsi que CARRERE 230 l’observe. Ce n’est pas seulement le niveau de vie qui esten question, mais aussi, et c’est essentiel, le genre de vie. Le budget des ménages doit souventêtre entièrement réorganisé. Il ne suffit pas de réduire les diverses consommations: il faut ensacrifier certaines. Ce changement de genre de vie est fortement perturbant.La privation de sécurité est encore plus anxiogène que la privation deressources. Le chômeur n’a pas cette sécurité relative que donne la possession d’un emploi; ilne sait pas quand il pourra trouver du travail et quel sera ce travail. L’incertitude est sourced’anxiété. Pourtant, tous les chômeurs ne sont pas anxieux ou angoissés. À la suite desnombreuses recherches entreprises depuis la grande crise, on peut distinguer trois attitudesfondamentales chez les chômeurs:230CARRERE, P., étude sur le genre de vie des chômeurs, in Bull.inst.nat.hygiène, N°4, 1955.190

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