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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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mêmes de sa part d’autonomie personnelle. Un peu oubliée en période facile, cettedépendance primordiale éclipse en période difficile le souci d’un travail moins ingrat.Dans les années de croissance, le développement continu de la consommations’est trouvé à l’origine de profondes transformations dans la répartition de la main-d’œuvrecomme ce fut déjà le cas au XIXe siècle. Des transferts considérables se sont alors effectuésselon un schéma assez comparable d’un pays à l’autre. Ainsi, l’habillement et le textileoccupent beaucoup moins de salariés qu’autrefois – en France, un million de moins qu’audébut du siècle – tout en ayant accru singulièrement leur production. La nécessité, dans lesannées quatre-vingt, de faire face à des progrès accélérés de productivité, ne fut-ce que pourmaintenir un emploi minimal, a entraîné des changements tout aussi importants, mais plusdramatiques, parce que moins étalés dans le temps et parce qu’ils ne sont plus liés aux seulsdéveloppements de la consommation française mais en grande partie imposés de l’extérieur.Les nouveaux processus, souvent informatisés, consistent de plus en plus en fonctionscoordonnées et intégrées dans un ensemble; ils aboutissent sans doute à un recul du travailnon qualifié, comme en témoignent les premiers résultats du recensement de 1982.Néanmoins, ce sont encore près de quatre millions d’O.S. et de manœuvres qui ne peuventenvisager de trouver dans leur travail la source essentielle de leur épanouissement; en outre,dans l’enquête anglaise déjà citée, les ouvriers qualifiés mêmes lui donnent un rôleinstrumental et lui demandent de leur apporter d’abord un salaire.En revanche, la diffusion des biens de consommation dans les années soixanteet soixante-dix a bien amélioré d’autres formes du travail humain. Les biens deconsommation les plus répandus apportent plusieurs types de satisfactions: les uns réduisentles tâches ménagères qui amputaient autrefois le temps libre; combien d’heures passées parles femmes à repriser, à ravauder, à raccommoder ont été libérées pour des occupations plussouriantes et moins fastidieuses, grâce aux tissus synthétiques et à la possibilité acquise de lesrenouveler fréquemment; d’autres biens de consommation enrichissent ce temps libéré,l’ouvrent vers le monde extérieur; d’autres loisirs ne coûtent guère: rencontres amicales,activités associatives, mais à la différence des précédents, ces derniers absorbent du temps. Àpartir d’un certain niveau de consommation se manifeste le souhait d’un accroissement detemps libre qui l’emporte sur celui d’un accroissement de salaire. C’est ce qu’on constatechez les cadres depuis longtemps, et c’est ce qui a été exprimé en 1970 par une majoritésubstantielle de salariés dans une grande usine française. Le temps libre devient alors un«bien» qui entre en concurrence avec les biens de consommation eux-mêmes.La réalité de l’évolution des horaires de travail, tant hebdomadairesqu’annuels, n’a pas toujours confirmé les pronostics de réduction du temps de travail. Il estsignificatif qu’une appréciation plus modérée des progrès accomplis vienne d’un sociologueaméricain, H. WI<strong>LE</strong>NSKY 169 , alors que l’exemple même des États-Unis a souvent servi dejustification aux hypothèses qui envisageaient la semaine de trente heures dans un avenir trèsproche. Les cadres français ont souvent des semaines plus chargées que leurs subordonnés:leurs responsabilités mêmes, leurs salaires, parfois les risques de licenciement, les incitent àune activité non limitée dans le temps, que semble justifier l’intérêt de leur travail, comparé àcelui des catégories plus défavorisées sur ce point. Les vœux des ouvriers et des chefsd’entreprise sont également allés, pendant longtemps, à un maintien des horaires: la structuremême des salaires explique, en effet, au moins en partie, les préférences des uns et des autres;169Sociologue américain H. WI<strong>LE</strong>NSKY (1967) relativise la réductioneffective du temps de travail pour d'autres catégories de salariés.127

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