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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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ien que celle-ci lui demeure souvent étrangère. PARETO est un contemplateur tourné versl’extérieur. On sent chez lui, en définitive, une répugnance instinctive pour l’action. Iln’aperçoit dans la politique que l’arrivisme et la mauvaise foi des intrigants qui exploitent lespassions populaires. Il essaie vainement de se faire élire, à deux reprises, député au Parlement;ces expériences pratiques de la politique le convainquent que la puissance est funeste et que lepouvoir n’est que corruption et méchanceté. Son hostilité envers l’État centralisateur etbureaucratique va de pair avec un ardent désir de voir garantis l’ordre, l’autorité et lahiérarchie. Contraint de batailler contre le protectionnisme, contre les programmes militaires,contre la gallophobie du ministère CRISPI et contre les méfaits d’une classe politiquemédiocre, PARETO finit par adopter le ton d’un prédicateur. Même la politique du nouveauministère RUDINI-LUZZATTI, qui rassure quelque peu ses amis libre-échangistes, nemodifie pas son orientation générale. La découverte de l’économie pure, discipline à laquelle,dès 1890, PARETO consacre désormais ses forces, n’est pas un hasard: c’est au fond lalibération des misères de la vie quotidienne, le guide qui conduit au bonheur. L’économisteMaffeo PANTA<strong>LE</strong>ONI lui révèle Léon WALRAS et les équations de l’équilibre économique,monde parfait dans sa pureté formelle. C’est ainsi que commence à se construire l’universthéorique de PARETO. Cet individualiste, qui avait éprouvé son impuissance à devenir«quelqu’un» dans une Italie en plein développement économique et social, découvrait que laseule possibilité de s’affirmer et de s’apaiser lui était offerte par la fuite dans le monde del’économie pure. Ce qui le conduisait à l’étude de l’économie mathématique était donc unbesoin d’ordre, de rigueur et de logique, mais aussi sa défiance envers l’action concrète. De lasorte, cet homme riche, marquis de son état, lié presque charnellement à la Toscane,amoureux jaloux et atrabilaire de «son» Italie, a pu accepter, en 1893, la chaire d’économiepolitique que lui offrait l’université de Lausanne et rompre par là avec tout un passé d’idéaux,de luttes et d’habitudes. PARETO a quarante-huit ans lorsqu’il écrit à Lausanne son premierlivre, le Cours d’économie politique, paru en deux volumes, en 1896 et 1897. Il y soutient quel’économie doit être étudiée selon les mêmes critères que la physique. Les actions deshommes présentent des uniformités. Certaines actions se proposent en effet de procurer unesensation agréable; d’autres, de procurer certaines conditions de santé, de développement ducorps et de l’intelligence; d’autres encore, de procurer ces conditions à tout un agrégat et d’enassurer la reproduction. Les qualités qui se rapportent aux deux derniers types d’actionprennent le nom d’utilité. La qualité du premier genre d’action est appelée ophélimité, notionqui «exprime le rapport de convenance par lequel une chose satisfait un besoin ou un désir,légitime ou non». Grâce à cette notion, il est possible d’isoler certaines propriétés permettantde construire des modèles abstraits. Ceux-ci rendent possible ensuite l’explication dephénomènes concrets et complexes. Le Cours contient une théorie de l’évolution sociale. PourPARETO, l’histoire est un fait proprement mécanique, c’est-à-dire pratiquement immobile,dont le résultat, pour qui le contemple, est la constatation que l’homme est toujours le même.N’est-ce pas la preuve, ou la confirmation de la vanité de l’action ? Il est désenchanté à telpoint qu’il a rompu, en fait, avec le libéralisme. L’atomisme et la structure statique de lasociété, qui sont les postulats fondamentaux de la philosophie libre-échangiste, impliquent laprédominance d’individus qui ne peuvent être que l’exact opposé de l’homo œconomicus. Lesnaïvetés d’une pareille philosophie sociale n’échappent pas à PARETO, mais pour l’instant ilcontinue à observer les causes sociales et psychologiques de la destruction de la sociétééconomique libérale. Il les dénonce avec fureur dans La Liberté économique et lesévénements d’Italie, livre paru en 1898, mais, en même temps, il commence à tourner enridicule le credo de ses années de jeunesse. Dans Les Systèmes socialistes (1902-1903), ilétudie une des causes majeures de la déperdition des doctrines libérales. Ce qui ressort de cetouvrage, ce sont les faiblesses du libéralisme, faisant uniquement appel à la raison, etl’inconsistance logique des idées socialistes, mais aussi leur puissance explosive, leur699

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