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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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Le salariat peut alors prendre toute sa place dans l’économie et c’est la« formule » qui va désormais dominer, en effet, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ladonne, une nouvelle fois, a changé. Les idées de KEYNES 111 tiennent le haut du pavé: lecapitalisme a besoin, pour fonctionner, d’une demande forte et régulière, ce qui implique uneintervention de l’État. En matière salariale, cela se traduit par une double mutation. D’unepart, l’instauration de mécanismes de protection sociale qui aboutissent à faire financer par lesentreprises (directement ou par le biais de l’impôt) des revenus sociaux en sus des salairesdirects. D’autre part, la fixation d’une sorte de norme salariale minimale, par la loi (c’est lesalaire minimum), par le contrat (généralisation des conventions collectives, incitation à larecherche d’accords interprofessionnels, comme ceux qui concernent l’indemnisation duchômage par exemple) ou par la stimulation (rôle pilote des entreprises publiques). Le«modèle fordiste» désormais triomphe. L’ensemble de ces règles, dont une partie transite pardes mécanismes de marché et une autre partie par la contrainte légale, aboutit à ce que, dansl’ensemble, la masse salariale évolue à peu près au rythme des gains de productivité. Lademande progresse donc à l’allure du changement technique, et le pouvoir d’achat dessalariés s’élève sensiblement. Contrairement à ce qui s’était passé durant l’avant-guerre,l’offre n’est donc pas bornée par les débouchés mais seulement par le rythme du changementtechnique.On peut qualifier cette période – 1950-1975 – d’âge d’or du salariat. Certes,cela ne va pas sans quelques inconvénients. En particulier, si les branches à forts gains deproductivité peuvent se permettre d’augmenter sensiblement les salaires (et les avantagessociaux) de leur personnel, il n’en va pas de même pour les branches à faibles gains deproductivité (la fonction publique, les services marchands aux personnes, etc.). On pourrait,bien sûr, jouer le jeu du marché et accepter des dynamiques salariales très différentes selonles branches, ce qui constituerait aussi une façon d’attirer vers les branches dynamiques unepartie de la population active; mais cela serait socialement difficile. Aussi, avec leconsentement plus ou moins implicite de l’ensemble des forces économiques, c’estl’alignement vers le haut qui prévaut: les branches à faibles gains de productivité augmententles salaires autant que les autres, et se rattrapent sur les prix (ou sur les impôts, quand il s’agitde services financés par la fiscalité). L’inflation joue le rôle de régulateur et assure unecertaine homogénéité dans la dynamique salariale. La cohésion sociale est ménagée par lasoupape de sécurité qu’est la hausse des prix.La société salariale paraît triompher. Certes, d’un pays à l’autre, il conviendraitde nuancer: là où les gains de productivité sont moindres, là où l’intervention publique – parla loi, le contrat ou la stimulation – est timorée, les inégalités sont plus fortes, et une partie dusalariat peine à intégrer cette société de consommation qui miroite de tous ses feux. AuxÉtats-Unis, les minorités ethniques sont en partie exclues de l’emploi, en partie confinées aurôle peu reluisant de «soutiers de la croissance». En Italie, la partition entre le Sud et le Nordse traduit par le fait que le salariat méridional bénéficie, le plus souvent, d’une rente desituation payée, en maugréant, par le salariat du Nord. L’Espagne ou l’Irlande, en retardd’industrialisation, ont du mal à intégrer dans ce salariat en expansion tous les travailleurs quiquittent la terre. Il ne s’agit là, pourtant, que de nuances. Car, partout, au moins dans les paysindustrialisés, la dynamique est la même: des gains de productivité élevés, qui se traduisent enrevenus salariaux et en revenus sociaux progressant à un rythme soutenu, et qui tirent lacroissance de la production. Les débouchés sont au rendez-vous, donc les emplois aussi.111KEYNES, John Maynard, théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et dela monnaie, Ed. Les auteurs classiques, 1936. KEYNES John Maynard (1883-1946) est économiste, cf biographie complète en fin de thèse.56

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