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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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prend l’insertion sociale au même titre que le travail lui-même. Or le chômage affaiblit laconscience collective liée à l’emploi et la participation sociale liée à ce même emploi.Les effets du chômage sur les résultats électoraux peuvent être directs (le votedes chômeurs) ou bien indirects (le vote des non-chômeurs en fonction de l’existence duchômage). Existe-t-il un effet direct du chômage sur le comportement électoral, autrement ditles électeurs modifient-ils leur vote à cause de leur expérience du chômage ? Et, si c’était lecas, quel serait le sens de cette modification ? Peut-on par ailleurs penser que l’idée duchômage, en d’autres termes, le chômage des autres, la connaissance du taux de chômage ou,plus concrètement, la fréquentation de familiers, d’amis et de voisins chômeurs conduitnombre d’électeurs à modifier leurs choix électoraux ? Et, si c’était le cas, quel en serait lesens: un vote plus à gauche, plus à droite, contre le gouvernement en place, pour legouvernement supposé plus compétent ?Nous ne disposons que de données partielles sur l’effet direct du chômage. Sil’on accepte les analyses d’Alain LANCELOT 240 démontrant le lien entre l’abstention et ledegré d’intégration sociale, on peut faire l’hypothèse d’une abstention plus forte parmi leschômeurs qui connaissent le chômage total ou le chômage inversé, c’est-à-dire la très grandemajorité d’entre eux. On peut penser d’autre part que les cadres chômeurs, consacrant touteleur énergie à ne pas adopter les comportements de chômeurs, ne modifient pas leurs voteshabituels. De fait, une enquête approfondie, bien que réalisée sur un très petit échantillon (31cas), montre que les chômeurs se répartissent dans leurs votes comme le reste de la populationet que les modifications de leur vote d’une élection à l’autre ne sont pas différentes(GARRIGOU, LACROIX, in Les Temps modernes 241 ). Le chômage ne détruit pas les formesde fidélités historiques, familiales ou religieuses, qui orientent les comportements électoraux.Dans leur majorité, les chômeurs appartiennent aux catégories de la population qui participentpeu à la politique et font l’expérience du chômage total. Cette épreuve ne peut que lesdécourager un peu plus et accentuer encore leur tendance à l’abstention. Comme, d’autre part,ils appartiennent aux couches de la population les plus susceptibles de voter à gauche, l’effetobjectif de leur situation de chômeurs peut être d’ôter quelques suffrages aux partis degauche, certains chômeurs, électeurs traditionnels de la gauche, renonçant à exercer leur droitde vote, comme ils renoncent progressivement à toutes les formes de participation sociale, aufur et à mesure que dure le chômage, ou adoptant un vote protestataire, pour les écologistesou le Front national.La relation entre le chômage et l’opinion publique n’est pas moins complexe.Des enquêtes réalisées par les instituts de sondage, on peut tirer la conclusion que l’opinionn’évolue pas en raison directe du nombre global des chômeurs, mais que des licenciementsmassifs dans une région donnée, dont l’annonce est faite par les médias au niveau national,conduit l’opinion à juger importante la lutte contre le chômage. On peut aussi constater qu’enélisant un président de gauche en 1981 et en lui donnant une forte majorité parlementaire, lesélecteurs espéraient qu’il pourrait contribuer à résoudre le problème du chômage et qu’aucours des élections suivantes ils avaient abandonné cet espoir 242 . Autrement dit, l’effet duchômage sur les élections reste médiatisé par une série d’autres facteurs, de nature240LANCELOT, Alain, L'abstentionnisme électoral en France, Armand Colin,1968.241Les temps modernes sont une revue fondée en 1945 dont le directeurfondateur est J.P SARTRE, en 1995, c’est leur cinquantième anniversaire.242DUHAMEL, Olivier et JAFFRE, Jérôme, L'état de l'opinion 1984, Paris,Gallimard, 1984.197

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