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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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Ainsi s’expliquerait, dès la fin des années soixante, une double évolution quisape les bases même du fordisme: sous la pression des travailleurs, les salaires augmentent deplus en plus vite, alors que la productivité du travail progresse moins rapidement. En France,en ce qui concerne l’industrie manufacturière, les gains horaires nominaux s’accroissent aurythme de 7,7 % l’an (période de 1968 à 1973), puis de 11,8 % (1968-1973) et de 14,9 %(1973-1979); la valeur ajoutée par travailleur croît, de son côté, de plus en plus lentement(respectivement 6,8 %, 5,8 % et 3,7 % pour les mêmes dates). Le lien entre gain deproductivité et hausse des salaires est rompu. Confrontées à cette situation, les entreprises ontle choix entre comprimer leurs marges et élever leurs prix de vente. On comprend quel’inflation et la baisse des profits précèdent la date fatidique de 1973.Plutôt que de crise du modèle fordiste, les économistes libéraux préfèrent parlerde crise du modèle keynésien. Ils rappellent que l’État prétendait prévoir l’évolution del’économie et agir sur elle afin de soutenir la croissance: c’est la politique conjoncturelle. Orla théorie des anticipations rationnelles révèle que les agents économiques prévoient de leurcôté ce que va faire l’État et adaptent leur comportement en conséquence, ce qui rendinefficace toute intervention. Cette dernière provoque, dès lors, retombées non attendues, deseffets pervers. Elle introduit surtout des blocages et nuit à la flexibilité des appareils deproduction. Ainsi, l’intervention de l’État sur le marché du travail serait-elle la principalecause de la montée du chômage. D’une part, en garantissant un salaire minimal, en prélevantd’importantes charges et en compliquant les procédures de licenciement, il élèverait le coût dutravail et découragerait l’embauche. D’autre part, en garantissant des indemnités auxchômeurs, il pousserait certain à ne pas travailler – phénomène que les libéraux qualifient de« chômage volontaire ». Comment expliquer autrement la montée du chômage avant 1973 ?Les économistes libéraux ajoutent enfin que ces rigidités, jointes à la politique monétaireexpansionniste des années soixante, seraient la principale cause de l’inflation.On peut aussi signaler les analyses concernant la « troisième révolutionindustrielle », partiellement inspirées de SCHUMPETER 263 . Les années soixantecorrespondent à l’apogée, mais aussi au début de la saturation pour les produits de ladeuxième révolution industrielle (acier, automobile, nombreux produits chimiques, appareilsradio et téléviseurs, etc.) alors que les produits de la troisième révolution (informatique,télématique, etc.) ne sont pas encore passés au stade de la production et de la consommationde masse.L’historien est souvent tenté de chercher l’explication des faits économiques endehors du champ strict de l’économie. En succombant à ce travers, il est loisible deréconcilier toutes les analyses précédentes autour de la notion de crise d’autorité. La remiseen question de l’autorité du Nord sur le Sud rend compte de la percée des nouveaux paysindustriels (N.P.I.) et de la hausse du prix de l’énergie; celle de l’autorité des États-Unisprovoque l’effondrement du système monétaire; le mouvement contestataire met en causel’autorité de la hiérarchie de l’entreprise et le fordisme; libéraux et libertariens s’en prennent àl’autorité de l’État. Ainsi s’expliquent les remises en question des années soixante-dix. Peutoncependant identifier ces mutations à une crise économique ?263SCHUMPETER (1883–1950), demeure l’un des plus grands économistes du XXesiècle par la subtilité, la vigueur et la nouveauté de ses analyses et lahauteur de ses vues. Cf biographie complète en fin de thèse.210

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