09.07.2015 Views

LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Puis, dans la situation industrielle classique, et en se limitant à une société detype capitaliste, on voit la conscience de classe ouvrière se développer et atteindre sonmaximum de visibilité. Les conduites ouvrières sont déterminées par l’aspect central de lasituation de travail, l’organisation, et dépendent donc du salaire considéré avant tout dans saliaison avec le rendement. L’ouvrier est soumis, par les méthodes d’organisation du travail,au profit patronal; il ne défend plus son autonomie professionnelle; ou bien il exercesimplement une pression pour les meilleurs salaires, ou bien il conteste l’organisation dutravail et, derrière elle, le pouvoir patronal. L’action ouvrière ajoute à cette contestation lerecours, déjà indiqué, à un contrôle social de l’activité capitaliste, donc à l’intervention del’État. Mais l’aspect central de l’action ouvrière est dirigé vers les conditions collectives detravail et de rémunération. L’action est centrée sur l’usine ou sur l’atelier. Le syndicalisme sedéveloppe avant tout à ce niveau: il est d’autant plus mobilisateur qu’il est proche de lasituation de travail.Enfin, dans les organisations de la société postindustrielle, la conscienceouvrière est en position renversée par rapport aux formes archaïques d’activité industrielle.D’un côté, l’action «positive» est dirigée vers l’ensemble du système économique; il s’agitmoins de se protéger contre le change, les fluctuations de la conjoncture ou les pressionspatronales sur l’emploi, bien que tous ces problèmes demeurent, que de viser une gestioncollective de l’économie répondant aux demandes de la population. De l’autre côté, l’activitéde travail elle-même relève largement du niveau organisationnel de l’entreprise, donc posedes problèmes assez autonomes par rapport à ceux du pouvoir économique. Les attitudes icisont surtout défensives: on recherche des garanties, de la prévisibilité et, à la limite, un statutpersonnel séparé du rendement ou de l’activité, une certaine carriérisation, à défaut d’uneréelle professionnalisation.Il faut noter que les relations sociales dans l’entreprise évoluent parallèlement.Plus on s’approche des situations les plus évoluées, plus le domaine conflictuel se déplacevers le haut, laissant derrière lui des plages de plus en plus vastes dans lesquelles d’autrestypes de relations peuvent s’établir. L’entreprise, considérée comme centre de décision,comme unité politique, peut admettre que d’autres catégories que les actionnaires aient uneinfluence, d’abord parce que les actionnaires eux-mêmes n’en ont pratiquement pas et parcequ’en fait les barons de l’entreprise ou certains syndicalistes, et bien souvent les syndicats,ont une influence réelle depuis longtemps. Il est possible de mettre en place un processuspolitique de planification à moyen et long terme, dans lequel la programmation de l’évolutiondes salaires intervient au même titre que des plans d’investissement, de fabrication, derecherche, d’implantation. Le domaine politique est celui des transactions.Quant au niveau de l’organisation du travail, on y observe nettement un refluxde l’autorité patronale. Le rôle du contremaître comme agent d’autorité ne cesse de sedégrader. Plus souvent qu’on ne le croit, les délégués syndicaux disposent d’une véritableautorité. Les expériences très limitées de recomposition des tâches parcellaires sontimportantes surtout en ce qu’elles impliquent une véritable autogestion de ce qui étaitautrefois une chaîne de production. Cela ne signifie nullement un progrès du pouvoircompensateur syndical. Mais la différenciation croissante des niveaux de l’entreprise –autorité, influence et pouvoir – indique que la tendance des grandes organisations est de voirse superposer une autogestion professionnelle, des mécanismes de négociation et detransaction dans la formation des décisions et un lieu du pouvoir et de la contestation quidéborde l’unité de production et s’étend à l’ensemble de la vie économique et sociale.134

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!