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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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dette (I. FISHER, 1933 254 ) ou les erreurs de la politique monétaire américaine(M. FRIEDMAN et A.SCHWARZ, 1963) sont en fait à bien des égards complémentaires,malgré d’évidentes divergences, notamment sur l’incidence de la variable salaires réels. Uneinterprétation cohérente doit articuler – et non opposer – les explications conjoncturelles ouaxées sur les erreurs de politique économique et les explications structurelles (par exemple, entermes de blocage du « mode de régulation » concurrentiel; R. BOYER, J. MISTRAL,1983 255 ). Mais la compréhension de la grande dépression a surtout progressé grâce auxanalyses convergentes (C. KINDELBERGER, 1973; D. ALCROFT, 1977; P. FEARON,1978) qui insistent sur la dimension internationale des enchaînements. La gravité de la criseest due aux conditions déséquilibrées du rétablissement de l’étalon-or après la guerre, dans unmonde où se cumulent les facteurs d’instabilité financière et où il n’existe plus de leadershipinternational: la Grande-Bretagne n’est plus en état d’exercer le rôle qui était le sien avant1914, et les États-Unis, confrontés à leurs propres problèmes, ne sont pas prêts à assumerleurs responsabilités mondiales.Le président ROOSEVELT, dès l’inauguration de son mandat en mars 1933,affirme résolument la priorité au redressement économique national sur tous les impératifsinternationaux. C’est aussi dans un cadre national que se développent les politiques de reprisedes autres grands pays. L’interprétation de la reprise reste un sujet bien plus controversé queles mécanismes de crise. Mais l’issue à la dépression est en général créditée d’avoir ouvert lavoie à la grande expansion d’après guerre. Au-delà d’une reprise cyclique, elle représente unchangement de « régime économique » (P. TEMIN), marqué par le renversement desanticipations en 1933; elle conduit à instaurer une « convention keynésienne de pleinemploi» (N. BAVEREZ 256 ), et finalement un nouveau « mode de régulation » – « fordiste »(M. AGLIETTA) 257 – caractérisé par l’interaction continue entre les gains de productivité etla progression du pouvoir d’achat salarial. Mais ce schéma général doit être confronté àl’analyse historique. Parmi les démocraties occidentales, il est troublant de constater que lesdeux grands pays dont les choix symbolisent la volonté de surmonter la crise déflationniste –les États-unis, avec le New Deal en 1933, la France, avec le Front populaire en 1936 – sontles derniers à ne pas avoir réellement émergé de la dépression avant 1939, alors que254FISHER, Irving, La théorie des grandes dépressions par la dette et ladéflation, Revue française d’économie, Vol. III, N°3,1933. Une analyse descrises financières du XXe siècle telles que, la crise asiatique, le krachde 1987 et la grande dépression de 1929, montre qu'elles ont toutes pourorigine un surendettement des agents non financiers (surtout entreprises)générant une instabilité financière. Fischer établit une théorie à cepropos en faisant une analyse du krach de 1929, qui met en perspective desfacteurs endogènes à l'économie générant une crise cumulative etl'importance de l'intervention de l'Etat pour empêcher à la crise de sedévelopper. Avec cette théorie, FISCHER s'inscrit, de nos jours, àl'encontre de la pensée monétariste, par le fait qu'il rejette l'hypothèsede neutralité de la monnaie.255R. BOYER, J. MISTRAL, Accumulation, inflation, crises, éditions PUF,1983.256Nicolas BAVEREZ est historien, économiste, éditorialiste au Point et auxEchos. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Raymond Aron, un moraliste autemps des idéologies (Flammarion, 1993, rééd. 2005), Les trente piteuses(Flammarion, 1995), La France qui tombe (Perrin, 2003).257Michel AGLIETTA est professeur de sciences économiques à l'université deParis-X-Nanterre et conseiller scientifique au Centre d'Etudes Prospectiveset d'Informations Internationales (CEPII), Michel AGLIETTA est spécialisted'économie monétaire internationale. Il est l'auteur d'ouvrages deréférences comme Régulation et crises du capitalisme (1976), (Odile JACOB1997, La violence de la monnaie (avec André OR<strong>LE</strong>AN, 1984).205

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