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LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL SUITE AUX ... - E-Corpus

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La tendance est évidente: même les salariés les moins bien lotis bénéficientd’une progression de leur pouvoir d’achat sans équivalent à l’échelle historique. On assiste,presque à vue d’œil, à la constitution d’une vaste «classe moyenne», qui n’a plus grand-choseà voir avec le prolétariat du siècle précédent, même si, dans les deux cas, le revenu dominant,sinon unique, est un salaire. Bien sûr, il convient de ne pas trop enjoliver les choses. Mêmes’il y a «du grain à moudre», les règles du partage demeurent conflictuelles. En outre, pourcertains, le point de départ était tellement faible que, même après vingt ans de croissance, lerevenu demeure modeste, parfois tout juste suffisant, d’autant que – envers du décor – cettesociété salariale a fait monter la norme minimale de consommation et les coûts desocialisation. La voiture était un luxe; elle est devenue bien souvent une nécessité, avecl’urbanisation en tache d’huile. Le chauffage central a remplacé le chauffage au bois; mais ilfaut payer les factures du premier, alors que l’on pouvait bénéficier d’un affouage pour lesecond. En outre, une petite partie de la population demeure exclue: le «Quart Monde 112 »,composé de ceux que le «progrès» a laissés sur son chemin, ou de leurs enfants.Reste que, pour deux tiers ou trois quarts des actifs, la société salariale setraduit par une amélioration sensible des conditions d’existence, un revenu qui progresse defaçon régulière, et l’espoir qu’il continuera à en être ainsi dans le futur. Pour la première foisdans l’histoire de l’humanité, l’éradication de la misère devenait possible, au moins dans lespays industrialisés, et la fin de la pauvreté paraissait envisageable. C’était en partie faux, bienentendu: le pauvre est celui qui a moins que les autres et qui, de ce fait, ne parvient pas àatteindre la norme de consommation qui caractérise la majorité. La croissance n’élimine doncpas la pauvreté, puisqu’elle s’accompagne généralement d’un maintien des inégalités. La«question sociale» n’a pas disparu avec l’émergence de la société salariale, elle s’estsimplement déplacée: au jeu de la croissance, certains tirent mieux que d’autres leur épingledu jeu, et la progression d’ensemble ne signifie pas que tous sont gagnants de la mêmemanière.La notion de classe moyenne, on le voit, est ambiguë: en gommant toutes lesdifférenciations sociales, elle laisse entendre que celles-ci n’existent plus, que les chancessont identiques pour tous, et que vivre au bas ou en haut de l’échelle n’a plus d’importancedès lors qu’un même mouvement de croissance emporte les uns et les autres. Ce n’estévidemment pas vrai. Démarrer dans la vie comme ouvrier avec un C.A.P. ménage peu dechances de devenir directeur de l’usine, alors que démarrer comme technicien pourvu dudiplôme d’une grande école laisse entrevoir les plus grands espoirs.112Le terme Quart monde désigne la fraction de la population d'un paysriche vivant sous le seuil de pauvreté. Il a été forgé par analogie avec leterme tiers monde regroupant les pays les plus pauvres. Le terme est apparudans les années 1960 en région parisienne (Noisy-le-Grand), il a été forgépar le père Joseph WRESINSKI. Il permit de faire prendre conscience del'existence au sein même des pays riches, d'une population aussi pauvre quecelles des pays sous-developpés. Joseph WRESINSKI est également à l'originedu mouvement ATD Quart Monde qui vise à remettre les plus pauvres dansleurs droits et leur dignité. On peut retrouver cette notion au moment desétats généraux de la France de 1789, dans la présence d'un quatrième ordre,appelé aussi ordre sacré des infortunés : celui des pauvres journaliers,des infirmes, des indigents », etc. A l'époque, cela représentait un nombreimportant de personnes.57

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