miguel de unamuno frente al modernismo religioso - Gredos ...

GESÙ O CRISTO?
J’ai lu très attentivement l’article de M. A. Loisy sur l’enquête de M. R.
Roberts au sujet de Jesus or Christ et je trouve, comme dans la plupart des
travaux de l’éminent critique, qu’il n’a peut-être pas encore soumis à une critique
assez pénétrante sa propre conception de l’histoire.
Le Christ dont on parle – nous dit-il – n’est pas Jésus; c’est une idée flottante
d’humanité, une personnification inconsistante, qui ne tient pas plus au Jésus de
l’histoire ni au Christ de la tradition que les antiques spéculations de la gnose.
L’on n’a donc pas même à se demander si cet idéal humanitaire n’impliquerait pas
nécessairement l’existence de Jésus et son action réelle dans l’histoire sont des
faits indépendants de l’idéal dont il s’agit. Rien n’aurait empêché cet idéal de se
personnifier dans un être mythique, et le Christ ainsi compris paraît bien être, en
effet, un mythe, ou peu s’en faut. La valeur d’une telle conception est
indépendante de tout rapport spécial avec la personne de Jésus».
Eh bien, je crois que le Jésus de l’histoire est déjà une idée flottante
d’humanité, un mythe, et que nous le sommes tous, nous les hommes vivants, et
que la gnose commence déjà à l’Evangile, que l’Evangile est déjà forcement
gnostique, et que l’histoire est toujours la tradition et rien de plus. Et je crois aussi
que l’existence de Jésus, son existence historique, pas matérielle, je veux dire
l’existence de la personnalité de Jésus dans l’histoire, n’est pas un fait
indépendant de l’idéal que ses disciples immédiats se faisaient de lui et que cet
idéal est, en germe, l’idéal même que nous nous faisons de lui. Je crois tout de
même que le Jésus vivant sous le règne d’Auguste est le germe du Christ
aujourd’hui vivant, que c’est le même Christ.
Est-ce que le Jésus de l’histoire, le Jésus évangélique, n’est pas né de la
spéculation gnostique? Est-ce que, du vivant même du Maître, ne s’exerçait pas
déjà sur lui le travail gnostique?
Les animaux ne font pas d’histoire; ils vivent et demeurent dans le royaume des
évènements qui passent, non dans le royaume des faits qui restent. Les animaux
ont, chacun pour soi leur individualité, mail ils n’ont pas de personnalité, c’est-à-
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