miguel de unamuno frente al modernismo religioso - Gredos ...

dire pas de puissance sociale et spirituelle. Et c’est la personnalité qui fait
l’histoire.
Il y a dans chacun de nous, hommes, l’homme psychique celui dont parle St.
Paul, qui vit au-dessous de l’histoire, dans les jours qui coulent – ήµέραι λυόµεναι
– selon l’expression de Saint Grégoire de Nazianze – l’homme individuel; et il y a
aussi l’homme spirituel qui vit dans l’histoire et au-dessus d’elle, dans les jours
qui restent – ήµέραι µενουσαι [sic] – l’homme personnel. Ce dernier est l’homme
vraiment historique; c’est celui qui vit, dans les âmes des autres hommes, dans
l’âme de l’humanité.
Et le Jésus de l’histoire, le Jésus vraiment historique, non le Jésus psychique ou
individuel, c’est-à-dire animal, vivait dans les âme de ceux qui le voyaient et
l’entendaient. La personnalité historique de Jésus était son rôle, et son rôle était
l’idée vivante que ses disciples se faisaient de lui.
M. Loisy paraît supposer, si je ne me trompe pas, que l’existence historique de
Jésus est autre chose que l’existence spirituelle ou métapsychique de la puissance
personnelle et idéale du Christ vivant dans la conscience chrétienne. C’est au
fond, un historicisme nominaliste, au sens de l’Ecole. Et je ne peux pas y croire.
Depuis que Jésus commença sa mission publique, commença aussi, avec lui et
avec elle, le processus idéal, gnostique, autour de lui et autour d’elle. On ne peut
pas diviser la vie d’un homme. Jésus ne vit pas en moi d’une autre façon qu’il
vivait dans les âme de ses disciples immédiats. Ce n’est qu’une question de degré.
M. Loisy parle, dans une autre passage de son article, de l’objet ultime de la
religion et de son point de départ. Mais est-ce que l’objet ultime n’est pas une
croissance de germes?
La légende d’un héros, d’un saint, commence déjà de son vivant; celui qui joue
un rôle historique devient par cela même dès son vivant un mythe, et pour ses
adversaires. M. Loisy même est déjà un mythe et le mythe qu’on a fait de lui
reflue sur lui-même et détermine son existence historique. Ce que nous pensons
de nous-mêmes – et l’on pense pour agir – dépend de ce que les autres pensent de
nous, c’est-à-dire que notre existence historique est le produit de l’humanité qui
nos entoure et nous survit.
Et quand je dis mythe je ne veux pas dire une puissance irréelle, non, mais très
réelle, quelque chose d’aussi réel et concret que l’homme psychique, et plus
historique au surplus.
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