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miguel de unamuno frente al modernismo religioso - Gredos ...

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C’est pour ça que quand on a voulu établir le Jésus soi-disant, strictement<br />

historique, c’est-à-dire individuel, physiologique presque, on n’a réussi qu’à le<br />

réduire à une véritable abstraction, plus abstraite encore que le Christ <strong>de</strong> la<br />

spéculation gnostique. Quand on veut sauver la ré<strong>al</strong>ité <strong>de</strong> l’individu<strong>al</strong>ité <strong>de</strong> Jésus,<br />

son existence psychique, sous-historique, <strong>de</strong> son rôle spirituel, <strong>de</strong> l’idée qu’on se<br />

faisait <strong>de</strong> lui <strong>de</strong> son vivant et après sa mort – c’est une même idée qui a évolué –<br />

c’est-à-dire aux dépens du Jésus <strong>de</strong> l’histoire, du Christ.<br />

Au fond c’est l’idée même <strong>de</strong> l’existence historique qui est ici en cause. Et<br />

l’existence historique d’un homme quelconque – pas seulement <strong>de</strong> Jésus – qui<br />

joue un rôle spirituel, ne s’interrompt pas avec la mort; sa personn<strong>al</strong>ité; ce qu’il y<br />

a en lui <strong>de</strong> vraiment historique, survit à son individu<strong>al</strong>ité. Et il en est ainsi parce<br />

que sa personn<strong>al</strong>ité immortelle, son existence historique, commence déjà avec son<br />

rôle public. Jésus était déjà <strong>de</strong> son vivant, ce que ses disciples le croyaient et le<br />

faisaient, et cette croyance était le germe d’où est issu notre Christ, au fond le<br />

Christ gnostique.<br />

Quand on conçoit et surtout quand on sent ainsi la personn<strong>al</strong>ité historique,<br />

comme une puissance spirituelle, mais réelle, absolument réelle, plus réelle même<br />

que l’individu<strong>al</strong>ité sous-historique ou psychique, on ne voit pas bien qu’il faille<br />

lâcher la foi dans la divinité <strong>de</strong> Jésus, c’est-à-dire dans la révélation du Dieu Père<br />

en Jésus.<br />

Jusqu’à Jésus le procès du Divin dans l’humanité était, si je peux m’exprimer<br />

ainsi, un procès subconscient – <strong>de</strong> la subconscience <strong>de</strong> l’humanité –; le divin se fit<br />

conscience, arriva enfin au seuil <strong>de</strong> la conscience collective humaine en Jésus, et il<br />

apparut dans une conscience personnelle humaine.<br />

Il y a dans l’article <strong>de</strong> M. Loisy un passage d’une très gran<strong>de</strong> portée. C’est<br />

lorsqu’il écrit: “Au fond, le rapport supposé avec le Christ immortel ne fait que<br />

donner une détermination plus précise à la personn<strong>al</strong>ité divine. Traiter avec le<br />

divin <strong>de</strong> personne à personne est toujours faire <strong>de</strong> Dieu un homme<br />

transcendant…”.<br />

C’est vrai. Et l’histoire du dogme <strong>de</strong> la divinité <strong>de</strong> Jésus Christ est au fond<br />

l’histoire <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’idée et du sentiment <strong>de</strong> Dieu dans la conscience<br />

chrétienne. Le sentiment <strong>de</strong> Dieu, du Dieu vivant, personnel, historique si l’on<br />

veut, est forcément le sentiment d’une personn<strong>al</strong>ité, et toute personn<strong>al</strong>ité doit être<br />

pour nous anthropomorphique. Il y a plus encore; on ne peut sauver la<br />

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