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419<br />

d'Estat qui nous doibvent donner <strong>de</strong> l'inquietu<strong>de</strong> au regard <strong>de</strong> tout ce qui faict<br />

profession <strong>de</strong> la religion Romaine, parce que nos anciens enemis en sont, comme<br />

en effect nous avons veu <strong>de</strong> fascheuses suittes <strong>de</strong> ceste <strong>de</strong>pendance et fort souvent.<br />

Mais vous n'apprendrez pas que tout cela ayt esté capable <strong>de</strong> nous faire empieter<br />

sur les droicts domestiques <strong>de</strong> personne, ou <strong>de</strong> luy penser donner la loy chez luy.<br />

Mesmes il n'y a seigneur feodal qui songe à pouvoir regler la <strong>de</strong>dans le moindre<br />

<strong>de</strong> ses vassaux. Ainsi il est vray que S.A. mon Maistre releve le fief <strong>de</strong> la comté <strong>de</strong><br />

Lingen <strong>de</strong> la province d'Overijssel, mais pour cela les Estats <strong>de</strong> ceste province<br />

n'oseroyent presumer <strong>de</strong> l'obliger à aucune subjection, en ce qui regar<strong>de</strong> la<br />

disposition <strong>de</strong> ses charges quand il les donneroit à Turc ou More. Aussi ne croy-je<br />

pas que le moindre gentilhomme <strong>de</strong> France se trouve limité à ce point là dans<br />

l'estendue <strong>de</strong> son patrimoine, tant s'en faut que l'on puisse attendre cela <strong>de</strong><br />

l'incomparable sagesse du Roy à l'endroict d'un Prince estranger.<br />

Il est vray, Monsieur, que pour le regard d'Orange, environné qu'il est <strong>de</strong> tout<br />

l'Estat du Roy, les <strong>de</strong>functs Seigneurs Princes ont tousjours eu soin d'envoyer faire<br />

la reverence au Roy par chaque gouverneur qu'ils y ont commis, pour offrir leur<br />

tres-humble service à S.M. té et luy donner à connoistre avec combien <strong>de</strong> can<strong>de</strong>ur<br />

et <strong>de</strong> sincerité ils entendoyent vivre et entretenir toute bonne intelligence avec la<br />

France. Mais vous ne croirez pas, qu'il soit raisonnable que <strong>de</strong>s <strong>de</strong>bvoirs <strong>de</strong> civilité<br />

ten<strong>de</strong>nt au prejudice <strong>de</strong> celuy qui s'en acquitte, et en suitte ne sçauriez doubter que<br />

chez nous l'on ne <strong>de</strong>meure tresresolu <strong>de</strong> continuer tousjours ces mesmes respects<br />

envers le Roy.<br />

Ne venons nous pas, Monsieur, d'en donner une nouvelle preuve, quand j'ay eu<br />

ordre <strong>de</strong> remonstrer à S M., sur qui les Princes composans la Tutele <strong>de</strong> S.A. avoyent<br />

jetté les yeux pour ceste charge? Et, apres tout, y a il moyen d'y employer personne<br />

dans laquelle il concourre plus <strong>de</strong> fortes circonstances à la rendre aggreable au<br />

Roy, et comme j'ay eu l'honneur <strong>de</strong> dire à S.M. té , si cest homme estoit ou en intention<br />

ou en pouvoir <strong>de</strong> nuire à son service du costé d'Orange, a elle pas entre ses mains<br />

une caution tres-suffisante pour la mettre en repos <strong>de</strong> ses malversations? Et quand<br />

ceste caution manqueroit, le Roy, qui nous a bien trouvez dans nostre fort, nous<br />

perdroit il <strong>de</strong> veuë dans la foiblesse où il nous a reduits, et serions nous si insensez,<br />

soit forts ou foibles, que <strong>de</strong> songer à <strong>de</strong>plaire à S.M. à laquelle nous tenons par tant<br />

<strong>de</strong> liens, pour gratifier - car c'est ce qu'il semble qu'on apprehen<strong>de</strong> - quelques<br />

subjects <strong>de</strong> la religion au prejudice <strong>de</strong> ceux d'un autre sentiment?<br />

Non, Monsieur, et je veux encor, s'il vous plaist, vous rememorer icy ce que vous<br />

avez eu la patience <strong>de</strong> m'entendre plusieurs fois vous dire <strong>de</strong> bouche, que <strong>de</strong>ux<br />

articles <strong>de</strong>s instructions <strong>de</strong> nos gouverneurs en ont tousjours esté les premiers<br />

ingrediens, l'un, qu'en cas <strong>de</strong> remuement en France, fust ce pour le suject <strong>de</strong> ceux<br />

<strong>de</strong> la religion ou autre, s'ils ne pouvoyent se conserver neutres, ils eussent tousjours<br />

à embrasser le parti du Roy à l'exclusion <strong>de</strong> qui que ce fust, l'autre que dans la<br />

principauté ils eussent à se comporter indifferemment à l'endroict <strong>de</strong>s subjects <strong>de</strong><br />

S.A. en les consi<strong>de</strong>rans tous comme ses enfans, et sans faire la moindre reflexion<br />

sur leurs sentimens en matiere <strong>de</strong> religion, ains au contraire en taschant <strong>de</strong> les faire<br />

tous vivre fraternellement ensemble, et <strong>de</strong> ne les porter qu'à se vaincre en fi<strong>de</strong>lité<br />

et obeïssance envers leur Prince et Seigneur legitime.<br />

Constantijn Huygens, Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663

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