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bekijk - digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren

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5043. P. Corneille 1)<br />

. (B.M.)<br />

42<br />

Voules vous bien recevoir la meme excuse <strong>de</strong>ux fois, et que je vous die encore que<br />

je vous aurois plustost fait response, si j'avois pù me resoudre a me presenter <strong>de</strong>vant<br />

vous les mains vui<strong>de</strong>s? Vous series quitte <strong>de</strong> mes importunites a trop bon marche,<br />

si je ne vous persecutois que par les civilites d'une lettre, et par les remerciments<br />

que je vous doibs <strong>de</strong> la part que vous me donnés en vostre estime et en vostre<br />

bienveillance. Quoyque tous vos moments soient precieux, permettes que j'en<br />

<strong>de</strong>robbe quelques uns a vos grands emplois pour vous <strong>de</strong>lasser en la lecture d'une<br />

comedie que je vous envoye 2) . C'est une nouveauté qui pourra sembler monstrueuse<br />

et donnera lieu <strong>de</strong> soustenir que faire une comedie entre <strong>de</strong>s personnes illustres<br />

n'est autre chose que<br />

Humano capiti cervicem iungere equinam 3) .<br />

Je suis pourtant asses hardy pour la vouloir justifier aupres <strong>de</strong> vous, ou du moins<br />

pour en faire les mines. Car, a ne rien <strong>de</strong>sguiser, je scay bien que je parle le langage<br />

d'Aristote dans le mauvais discours que je vous en fais, mais je ne scay pas, si je<br />

l'entens bien, ny si les consequences que j'en tire sont justes. Dans cette incertitu<strong>de</strong><br />

j'ay voulu seulement esblouïr les peuples par l'authorite <strong>de</strong> vostre nom, et comme<br />

ils scavent qu'on ne vous peut surprendre, j'ay creu qu'ils se persua<strong>de</strong>ront aisement<br />

que toutes mes raisons sont <strong>de</strong> mise, quand ils verront que j'ose vous en faire le<br />

juge. Vous m'apprendres, quand il vous plaira, si j'ay bien rencontré, et je seray<br />

aussi prest a executer ce que vous en ordonneres, que vous me voyes l'estre<br />

touchant les argumentz que vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s a nos poëmes. Nous nous en sommes<br />

dispenses <strong>de</strong>puis quelque temps, et avons creu que nous ne <strong>de</strong>vions pas davantage<br />

aux lecteurs qu'aux spectateurs que nous convions a leur representation sans leur<br />

en donner aucune lumiere. Ce n'est pas qu'il n'y aye <strong>de</strong>s pieces d'une espece si<br />

intriquée qu'il eschappe beaucoup <strong>de</strong> choses à la premiere representation et à la<br />

premiere lecture, faute d'un tel secours, mais nous avons estimé cela avantageux<br />

pour ceux qui les voyent et pour ceux qui les lisent, puisqu'il est cause que l'ouvrage<br />

a pour eux la grace <strong>de</strong> la nouveauté plus d'une fois, leur laissant a la premiere le<br />

plaisir entier <strong>de</strong> la surprise que font les evenements, et reservant pour l'autre celuy<br />

que leur donne l'intelligence <strong>de</strong> ce qu'ils n'ont pas bien compris a l'abord. Vous me<br />

dires qu'il ne les faudra donc voir ou lire tout au plus que ces <strong>de</strong>ux fis, et j'en suis<br />

d'accord avec vous pour les poemes dont toute la grace consiste en cette nouveauté<br />

et en cette surprise; mais pour ceux qui ont quelque chose <strong>de</strong> plus soli<strong>de</strong>, il est a<br />

presumer qu'ils donneront la mesme satisfaction a toutes les lectures qu'on en<br />

voudra faire, qu'ils auroient données a la premiere, ou l'on auroit este preparé par<br />

un argument. J'advoue que nous en voyons presque au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> tous ceux que<br />

nous ont laissé nos anciens, mais je m'imagine que nous en avons l'obligation a<br />

leurs interpretes ou à leurs scoliastes plustost qu'a eux mesmes. Parmy les Grecs<br />

il y en a quelques uns dont Aristophane le grammairien 4) est nommé l'auteur,<br />

quelques uns tires <strong>de</strong> la Bibliotheque d'Apollodorus, la pluspart mesme <strong>de</strong>s comedies<br />

d'Aristophane n'en ont que <strong>de</strong> latins. Ceux <strong>de</strong> Plaute paroissent estre <strong>de</strong> son style,<br />

mais j'ay toutefois bien <strong>de</strong> la peine a croire qu'ils soient <strong>de</strong> luy, et ses prologues<br />

1) Uitgegeven door Edouard Fournier in <strong>de</strong> Revue <strong>de</strong>s provinces, VI, blz. 325, en door Ch.<br />

Marty-Laveaux in Oeuvres <strong>de</strong> Corneille, X, 1862, blz. 453.<br />

2) Nl. Don Sanche d'Arragon. Het blijspel is aan Huygens opgedragen.<br />

3) Naar Hor., A.P., vs. 1.<br />

4) Hij leef<strong>de</strong> in <strong>de</strong> 2 <strong>de</strong> eeuw v. Chr., evenals Apollodorus, wiens Bibliotheca wij bezitten.<br />

Constantijn Huygens, Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663

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