17.08.2013 Views

bekijk - digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren

bekijk - digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren

bekijk - digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

531<br />

M. le Tellier <strong>de</strong> ce que nous y souffrions <strong>de</strong> par le comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Gaut, nous avions<br />

à faire à Orange à un certain Beauregard, thresorier <strong>de</strong> S.A., homme tres fourbe et<br />

<strong>de</strong> mauvaise foy, qui avoit pretendu et encore estoit apres à faire passer en ses<br />

comptes par autorité du comman<strong>de</strong>ur divers postes, <strong>de</strong>squels il avoit bien veu ne<br />

pouvoir venir à bout en raison ni en justice, montans lesdits postes à plus <strong>de</strong> quarante<br />

mille livres, qu'il s'estoit proposé <strong>de</strong> justifier par certaine lettre <strong>de</strong> feu la Princesse<br />

Royale, laquelle lettre non seulement on avoit trouvée remplie par luy mesme sur<br />

un blanc seing <strong>de</strong> ladite Princesse, tant pour le regard <strong>de</strong> cest argent, que pour<br />

d'autres benefices qu'il avoit lour<strong>de</strong>ment inserez, mais mesme absolument <strong>de</strong>struite<br />

par une lettre effective et veritable <strong>de</strong> S.A.R., escritte environ <strong>de</strong>ux mois apres, par<br />

laquelle il se trouvoit qu'elle suspendoit toutes pretensions, et en particulier celles<br />

dudit Beauregard, jusques à ce qu'elle auroit eu loisir d'en examiner tout le <strong>de</strong>tail,<br />

son secretaire encor en vie presentement attestant hautement, que luy, ni le comte<br />

<strong>de</strong> S. t Albans n'avoient aucune cognoissance <strong>de</strong> ceste premiere lettre supposée,<br />

<strong>de</strong> sorte que c'estoit sans raison et hors <strong>de</strong> tout propos que ce mauvais subject<br />

s'avançoit à reclamer une protection estrangere, en presupposant que S.M. entendoit<br />

<strong>de</strong> faire executer tout ce qui avoit esté ordonné par Mad. la Princesse Royale.<br />

Icy le Roy me dit, qu'il estoit pourtant ainsi que la Princesse Royale s'estoit servi<br />

<strong>de</strong> cest homme là. Je repartis <strong>de</strong> ne le sçavoir que trop bien, mais que certainement<br />

ceste Princesse ne l'avoit pas si bien connu que nous, qui l'avions conservé il y<br />

avoit longues années, et qu'à la fin il 1) estoit <strong>de</strong>scrié et reconnu tant chez nous qu'en<br />

France mesme pour un fourbe tres-accompli, et qu'au reste j'avoy souvent tesmoigné<br />

à M. le Tellier, que je ne pouvoy assez m'estonner pourquoy on souffroit que S.M.<br />

fust importunée <strong>de</strong> ces choses, veu que par une ambassa<strong>de</strong> formelle <strong>de</strong> S.A.E. <strong>de</strong><br />

Bran<strong>de</strong>nbourg dont M. le prince Maurice <strong>de</strong> Nassau estoit le chef, il avoit esté<br />

contracté entre le Roy <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bretaigne et le reste <strong>de</strong> la Tutele un accord<br />

mutuel, par un article très-expres auquel il estoit dit en substance, que toutes les<br />

choses ordonnées par la Princesse Royale, et qu'elle avoit droict d'ordonner,<br />

sortiroyent leur entier effect, <strong>de</strong> sorte qu'on ne pouvoit doubter que ledit Roy <strong>de</strong> la<br />

Gran<strong>de</strong> Bretaigne, auteur <strong>de</strong> cest accord, frere <strong>de</strong> la Princesse <strong>de</strong>functe et tuteur<br />

<strong>de</strong> son enfant, n'eust assez <strong>de</strong> soin <strong>de</strong> veoir executer les choses <strong>de</strong> ceste nature,<br />

sans que personne autre ne s'en mist en peine. Mais qu'au fond ce n'estoyent icy<br />

que <strong>de</strong>s inventions <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> mauvaise foy qui ne cessent <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stours<br />

par où ils se puissent soubstraire du respect et <strong>de</strong> la loyale obeissance <strong>de</strong>ue à leur<br />

maistre, pour faire leur main dans la confusion; enfin que ces <strong>de</strong>sordres ne<br />

cesseroyent jamais, tant qu'Orange se verroit gouverné par plus d'une seule<br />

authorité. Par quoy je retournay à supplier tres humblement S.M. qu'elle voulust<br />

consi<strong>de</strong>rer toutes ces choses en sa gran<strong>de</strong> bonté et justice, et <strong>de</strong> nous faire une<br />

fois jouer <strong>de</strong>s effects <strong>de</strong> sa parole royale. Le Roy respondit avec un visage serein<br />

et <strong>de</strong>bonnaire qu'il estoit tousjours prest <strong>de</strong> le faire, et qu'il ne cherchoit que d'obliger<br />

V.A., mais que je sçavoy bien à quoy il se tenoit, à sçavoir qu'il <strong>de</strong>siroit que nous<br />

eussions à mettre un gouverneur catho-<br />

1) Het afschrift heeft: qu'afin qu'il<br />

Constantijn Huygens, Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!