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[Tome 3] Christopher Paolini - Eragon - Brisingr - Archive-Host

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la masse de Helgrind les cachaient à la vue des cavaliers.<br />

De palier en palier, leur progression ralentissait. Accablé de<br />

fatigue, <strong>Eragon</strong> ne couvrit bientôt plus que de courtes distances<br />

et il peinait à récupérer pendant les pauses. Soulever ne fût-ce<br />

qu’un doigt devenait une tâche aussi exaspérante que<br />

laborieuse. Une douce somnolence l’enveloppait de ses plis<br />

cotonneux, émoussant sa lucidité et ses sensations ; les rochers<br />

les plus durs semblaient aussi moelleux que des coussins pour<br />

ses muscles endoloris.<br />

Enfin, trop épuisé pour amortir le choc, il se laissa tomber<br />

avec sa charge sur le sol aride, brûlé par le soleil. Les bras<br />

bizarrement croisés sous sa poitrine, il resta à plat ventre, fixant<br />

de ses yeux mi-clos les éclats jaunes de citrine enchâssés dans<br />

un petit caillou à deux doigts de son nez. Sloan pesait sur son<br />

dos comme un sac de plomb, chassait l’air de ses bronches et<br />

l’étouffait. Sa vue s’obscurcit comme si le ciel se voilait. Les<br />

battements affaiblis de son cœur s’espaçaient.<br />

Incapable d’articuler une pensée cohérente, <strong>Eragon</strong> n’en<br />

savait pas moins qu’il allait mourir. Il n’avait pas peur, au<br />

contraire. Dans son infinie lassitude, cette idée le réconfortait<br />

presque ; la mort le libérerait de sa chair malmenée et lui<br />

apporterait le repos éternel.<br />

Un bourdon gros comme le pouce vint survoler sa tête, fit le<br />

tour de son oreille, puis s’intéressa au caillou, dont il palpa les<br />

nodules de citrine d’un jaune aussi éclatant que les chardons qui<br />

étoilaient les pentes des collines. Le corps velu de l’insecte<br />

brillait sous la lumière matinale, chaque poil se détachait avec<br />

une netteté confondante ; le duvet de ses pattes était poudré de<br />

pollen, et le mouvement rapide de ses ailes presque invisibles<br />

produisait un grondement semblable à un roulement de<br />

tambour.<br />

Le bourdon était si présent, si beau, si débordant de vitalité<br />

que son apparition arracha <strong>Eragon</strong> à son désir de mort. Un<br />

monde qui recelait de pareilles merveilles était un monde où il<br />

faisait bon vivre.<br />

À force de volonté, le jeune Dragonnier dégagea sa main<br />

gauche de dessous son torse pour saisir la tige ligneuse d’un<br />

buisson voisin puis, tel un parasite, une tique, une sangsue, il<br />

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