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Péquod

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marins n’y ont qu’un droit de transit. Les navires marchands ne<br />

sont qu’un prolongement des ponts ; les bâtiments de guerre<br />

rien de plus que des forteresses flottantes ; les pirates et les corsaires,<br />

bien que sillonnant les mers, comme des voleurs de<br />

grand chemin parcourent les routes, ne font rien de plus que<br />

piller d’autres navires, fragments de terre comme eux, qui ne<br />

quêtent pas leur subsistance dans l’abîme sans fond. Seul le<br />

Nantuckais réside et pullule sur la mer ; lui seul vogue sur la<br />

mer, dans des navires – pour parler en termes bibliques – labourant,<br />

ici et là, sa plantation personnelle. C’est là son foyer.<br />

Là il mène ses affaires, à l’abri d’un nouveau déluge, quand bien<br />

même toute la population de la Chine en serait submergée. Il vit<br />

sur la mer comme le coq des landes sur la lande, se cache dans<br />

la vague, et l’escalade comme les Alpes le chasseur de chamois.<br />

Pendant des années il ne sait plus rien de la terre, et lorsqu’il y<br />

revient enfin, elle a pour lui un parfum d’autre monde, plus<br />

étrange que celui de la lune n’en aurait pour un terrien. Comme<br />

le goéland sans patrie replie ses ailes au coucher du soleil et<br />

s’abandonne à la berceuse des flots, ainsi à la tombée du soir le<br />

Nantuckais, loin de toute terre, ferle ses voiles et s’étend cependant<br />

que sous son oreiller même défilent des troupes de morses<br />

et de baleines.<br />

– 112 –

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