25.06.2013 Views

Péquod

Péquod

Péquod

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE CXXXII<br />

La symphonie<br />

C’est un jour clair d’un bleu d’acier. Le double firmament<br />

de la mer et du ciel se confondait dans cet azur partout répandu<br />

; toutefois, la transparence douce et pure du ciel pensif avait<br />

un air féminin, tandis qu’une respiration lente et puissante, pareille<br />

à celle de Samson endormi, soulevait la mer robuste et<br />

virile.<br />

Ici et là, dans les hauteurs, glissaient les ailes blanches de<br />

menus oiseaux immaculés, tendres pensées de ce ciel féminin ;<br />

dans l’abîme bleu et sans fond s’agitaient de puissants léviathans,<br />

des espadons et des requins, pensées vigoureuses, inquiètes,<br />

meurtrières du viril Océan. Si le contraste existait en<br />

profondeur, il n’était extérieurement qu’ombres et nuances, ils<br />

semblaient ne faire qu’un, le sexe seul les distinguait l’un de<br />

l’autre.<br />

Tel un souverain absolu, le haut soleil semblait marier ce<br />

ciel tendre à l’Océan téméraire et mouvant, l’épouse à l’époux ;<br />

et à l’horizon une douce palpitation, plus sensible sous les tropiques,<br />

révélait la confiance passionnée et frémissante,<br />

l’amoureuse inquiétude avec laquelle la pauvre épousée<br />

s’abandonnait.<br />

Noué, tordu, noueux, ravagé de rides, obstiné, inflexible,<br />

hagard, les yeux pareils à des braises ardentes sous les cendres<br />

du désastre, Achab, debout dans la clarté du matin, ne chance-<br />

– 738 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!