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Péquod

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– Un, deux, trois, quatre cinq… cinq avirons, sir et voilà<br />

leurs cinq hommes.<br />

– Heureusement. Aide-moi, homme, je veux me mettre debout.<br />

Ainsi je la vois ! là ! là ! filant toujours sous le vent, quel jet<br />

élevé ! Ôtez vos mains de dessus moi ! La sève éternelle court à<br />

nouveau dans les os d’Achab ! Établissez la voile, levez les avirons,<br />

l’aviron de queue !<br />

Lorsqu’une baleinière a été défoncée, il arrive souvent que<br />

son équipage, recueilli par une autre pirogue, contribue à la<br />

manœuvre de cette dernière et la chasse se poursuit avec ce<br />

qu’on appelle des avirons doublés. Il en allait ainsi maintenant.<br />

Mais cette puissance accrue de la baleinière n’égalait pas la<br />

puissance accrue de la baleine qui paraissait avoir triplé toutes<br />

ses nageoires et pris une telle vitesse qu’il était évident que la<br />

poursuite serait interminable sinon désespérée. Un équipage ne<br />

pouvait pas non plus fournir pendant un temps si long un effort<br />

aussi pénible et ininterrompu aux avirons, effort qui n’est supportable<br />

que lors d’un accident et pendant peu de temps. C’est<br />

alors le navire, cela arrive parfois, qui offre un moyen favorable<br />

de rejoindre la proie. Aussi les baleinières se dirigèrent-elles<br />

vers le <strong>Péquod</strong> et bientôt elles furent hissées à leurs pentoires,<br />

tandis que la pirogue brisée était également amenée à bord.<br />

Toute toile dessus, les bonnettes largement déployées de chaque<br />

côté comme des ailes d’albatros, le navire se lança, sous le vent,<br />

dans le sillage de Moby Dick. Le souffle lumineux de la baleine,<br />

aux intervalles bien connus et précis, fut régulièrement annoncé<br />

depuis les postes de vigie et lorsqu’il était signalé qu’elle avait<br />

sondé, Achab regardait l’heure et arpentait le pont, la montre de<br />

l’habitacle en main. Dès que s’était écoulée la dernière seconde<br />

du temps prévu, sa voix se faisait entendre :<br />

– À qui le doublon, cette fois-ci ? La voyez-vous ? Si la réponse<br />

était négative, il donnait aussitôt l’ordre qu’on le hissât à<br />

son perchoir. Ce manège se répéta toute la journée, tantôt<br />

– 753 –

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