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Péquod

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Malheur à celui qui cherche à verser de l’huile sur les eaux que<br />

Dieu a soulevées en tempête ! Malheur à celui qui cherche à<br />

plaire plutôt qu’à semer la crainte ! Malheur à celui qui préfère<br />

le renom à la bonté ! Malheur à celui qui, en ce monde, ne va<br />

pas au-devant des affronts ! Malheur à celui qui ne reste pas<br />

fidèle à la vérité lorsqu’un mensonge peut le sauver ! Oui, malheur<br />

à celui qui, avec le grand Pilote Paul, lorsqu’il prêche aux<br />

autres, ne se reconnaît pas pour le plus grand des pécheurs ! »<br />

Il parut un instant abattu et absent, puis, relevant la tête, il<br />

regarda à nouveau l’assemblée, une joie profonde illuminait son<br />

regard tandis qu’il s’écriait avec une ferveur céleste : « Mais, ô<br />

camarades ! à tribord de toute douleur, la joie vous attend, elle<br />

s’élèvera d’autant plus haut que l’abîme de la douleur aura été<br />

plus profond. La pomme du grand mât n’est-elle pas d’autant<br />

plus haute que la contre-quille est plus profonde ? La joie est le<br />

partage – une joie culminante et une joie intérieure – de celui<br />

qui, contre les dieux orgueilleux et les commodores de cette<br />

terre, demeure inexorablement fidèle à lui-même. La joie est à<br />

celui dont les bras restent fermes à le soutenir quand le navire<br />

de ce monde trompeur a sombré sous lui. La joie est à celui qui,<br />

sans merci devant la vérité, tue, brûle et détruit tout péché<br />

même s’il se cache dans les toges des juges et des sénateurs. La<br />

joie de la flèche de mât de perroquet est à celui qui ne reconnaît<br />

d’autre loi que celle du Seigneur, d’autre maître que son Dieu et<br />

n’a d’autre patrie que le ciel. La joie est à celui que toutes les<br />

vagues et les lames de cette mer tumultueuse de la foule ne peuvent<br />

arracher à la quille infaillible des siècles. Éternelles seront<br />

la joie et les délices de celui qui, proche de son ultime repos,<br />

peut dire avec son dernier souffle : « Ô Père – Toi dont je<br />

connais avant tout la colère – mortel ou immortel, me voici sur<br />

le point de mourir. J’ai lutté pour être tien, plus que pour appartenir<br />

à ce monde ou m’appartenir à moi-même. Et pourtant ce<br />

n’est rien… Je t’abandonne l’Éternité, car l’homme, qu’est-il<br />

pour prétendre à la durée de son Dieu ? »<br />

– 90 –

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