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Péquod

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vous, monsieur, vous-même veux-je dire, patron, j’entends bien,<br />

vous, monsieur, en m’incitant sciemment à le faire, vous vous<br />

exposez à des poursuites pénales.<br />

– Ben, dit le patron, en respirant profondément, voilà un<br />

sermon joliment long pour un gars qui aime plaisanter de temps<br />

à autre comme moi. Mais calmez-vous, calmez-vous, ce fameux<br />

harponneur dont je vous ai parlé vient d’arriver des mers du<br />

Sud, où il a acheté un paquet de têtes momifiées en Nouvelle-<br />

Zélande (une curiosité, vous savez), il les a toutes vendues sauf<br />

une, et celle-là il essaie de la vendre ce soir, parce que demain<br />

c’est dimanche, et que ce ne serait pas convenable d’aller vendre<br />

des têtes humaines dans les rues quand les gens vont à l’église.<br />

C’est ce qu’il voulait faire dimanche passé, mais je l’ai arrêté sur<br />

le pas de la porte comme il partait avec quatre têtes suspendues<br />

à une ficelle, comme un chapelet d’oignons.<br />

Ce récit dissipa ce mystère autrement inexplicable, et s’il<br />

prouvait, somme toute, que le patron n’avait pas l’intention de<br />

se moquer de moi, il me poussait également à me demander<br />

quelle opinion je devais me faire d’un harponneur qui passait<br />

toute la nuit du samedi, et jusqu’à l’aube du jour du sabbat, engagé<br />

dans cette affaire de cannibalisme consistant à vendre les<br />

têtes de défunts idolâtres.<br />

– Soyez sûr, patron, que ce harponneur est un homme<br />

dangereux.<br />

– Il paye régulièrement. Mais allons, il se fait tard, il vaut<br />

mieux que vous sondiez, voilà un bon lit : Sal et moi on a dormi<br />

dans ce lit la nuit qu’on s’est collés. Il y a bien assez de place<br />

pour se retourner à deux dans ce lit ; c’est un puissant grand lit.<br />

Juste avant qu’on le mette au rancart, Sal y faisait dormir notre<br />

Sam et le petit Johnny aux pieds. Mais une nuit, en rêvant, je<br />

l’ai envoyé bouler par terre et Sam a failli se casser le bras.<br />

Après ça, Sal a dit que ça n’allait plus. Suivez-moi, je vais vous<br />

– 53 –

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