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Péquod

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CHAPITRE CXVII<br />

La veillée de la baleine<br />

Les quatre baleines tuées ce soir-là étaient mortes à grande<br />

distance les unes des autres, l’une bien loin au vent, l’une plus<br />

proche sous le vent, l’une des deux autres à l’avant, l’autre à<br />

l’arrière. Ces trois dernières furent amenées au navire avant la<br />

tombée de la nuit, mais celle qui se trouvait au vent ne put être<br />

atteinte avant le matin et la pirogue qui l’avait tuée resta à son<br />

côté toute la nuit ; c’était la baleinière d’Achab.<br />

Le pavillon qui servait à la repérer fut fiché droit dans<br />

l’évent du cachalot et la lanterne qui y était suspendue jetait au<br />

loin une lueur trouble et clignotante sur le dos noir et luisant<br />

des vagues nocturnes qui se frottaient doucement comme un<br />

paisible ressac sur une plage contre le vaste flanc de la baleine.<br />

Achab et ses hommes semblaient dormir, hormis le Parsi<br />

qui, assis accroupi à l’avant, suivait le jeu fantomatique des requins<br />

autour de la baleine tandis que leurs queues frappaient les<br />

légers bordages de cèdre. De frissonnantes lamentations couraient<br />

dans l’air, pareilles à celles des armées des spectres impardonnés<br />

de Gomorrhe sur le Lac Asphaltites.<br />

Tiré brusquement de son sommeil, Achab vit le Parsi face à<br />

face ; pris dans le cercle des ténèbres de la nuit, ils semblaient<br />

les seuls survivants d’un déluge.<br />

– J’ai refait le même rêve, dit-il.<br />

– 679 –

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