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Péquod

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CHAPITRE XCIV<br />

Mains serrées<br />

Cette baleine de Stubb, si chèrement acquise, fut dûment<br />

amenée aux flancs du <strong>Péquod</strong>, et l’on procédait à toutes les opérations<br />

habituelles de dépeçage, de hissage, jusqu’à la vidange<br />

du foudre Heidelberg dont nous avons parlé précédemment.<br />

Pendant que certains s’occupaient à ce dernier travail,<br />

d’autres emportaient les baquets plus grands dès qu’ils étaient<br />

pleins de spermaceti, et ce même spermaceti était soigneusement<br />

préparé avant d’aller aux chaudières dont il sera question<br />

plus loin.<br />

Il s’était refroidi et cristallisé à tel point que, lorsque avec<br />

plusieurs marins je m’assis devant une immense baignoire de<br />

Constantin qui en était emplie, je le trouvai figé en mottes, roulant<br />

ça et là dans la partie restée liquide. Notre travail consistait<br />

à rendre leur fluidité à ces mottes. Doux et onctueux travail !<br />

Rien d’étonnant à ce que jadis le spermaceti ait été un cosmétique<br />

si prisé. Un tel pouvoir détersif, un tel pouvoir émollient, un<br />

si délicieux adoucissant ! À peine mes mains y étaient-elles depuis<br />

quelques minutes, que mes doigts se sentirent devenir anguilles,<br />

serpents, spirales.<br />

Tandis que j’étais confortablement assis à la turque sur le<br />

pont, après un rigoureux effort au guindeau, sous la paix d’un<br />

ciel bleu, le navire glissant sereinement sous ses voiles indolentes,<br />

tandis que mes mains baignaient dans ces globules de tissus<br />

si doux, coagulés sur l’heure, tandis que leur opulence fondait<br />

– 573 –

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