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Péquod

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CHAPITRE LIX<br />

Le calmar<br />

Se frayant péniblement un passage à travers le krill, le <strong>Péquod</strong><br />

maintenait son cap nord-ouest vers Java, une faible brise<br />

le poussait lentement, et dans cette sérénité, ses trois grands<br />

mâts effilés se balançaient mollement au gré d’une brise languissante<br />

avec la nonchalance de trois palmiers sur une plaine.<br />

Et toujours, à larges intervalles, dans la nuit argentée, le souffle<br />

solitaire et attirant était aperçu.<br />

Mais dans la transparence bleue d’un matin, tandis qu’une<br />

tranquillité presque surnaturelle s’étalait sur la mer bien que ce<br />

ne fût pas le calme plat ; tandis que la clairière longuement polie<br />

que le soleil ouvrait sur les eaux semblait l’empreinte de son<br />

doigt d’or les invitant au silence ; tandis que les vagues feutrées<br />

couraient doucement en chuchotant, alors dans le profond silence<br />

de ce monde visible, un spectre étrange fut signalé par<br />

Daggoo, en vigie au grand mât.<br />

Au loin, une grande masse blanche s’éleva paresseusement<br />

toujours plus haut et, se détachant sur l’azur, elle étincela enfin<br />

devant notre proue comme une avalanche fraîchement descendue<br />

des montagnes. Elle brilla ainsi un instant, puis s’abaissa et<br />

plongea. Puis elle s’éleva à nouveau, lumineuse et silencieuse.<br />

On n’eût point dit une baleine, pourtant Daggoo se demanda si<br />

ce n’était pas. Une fois de plus, le spectre plongea et réapparut.<br />

Alors, d’une voix aiguë dont la pointe tira chaque homme de sa<br />

somnolence, le nègre cria :<br />

– 393 –

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