25.06.2013 Views

Péquod

Péquod

Péquod

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

sa cabine. Tout cela paraissait assez naturel. Dans la marine<br />

marchande en particulier, nombre de capitaines ne se montrent<br />

sur le pont que fort longtemps après avoir levé l’ancre, mais restent<br />

à la table de la cabine, célébrant leur départ avec leurs amis<br />

qui demeurent à terre avant qu’ils ne quittent tout de bon le navire<br />

avec le pilote.<br />

Mais les chances de pouvoir méditer étaient minces car le<br />

capitaine Peleg débordait à présent d’activité ; il semblait que ce<br />

fût lui et non Bildad qui tînt le plus de discours et donnât le plus<br />

d’ordres.<br />

– À l’arrière, eh vous fils de célibataires ! criait-il aux<br />

hommes qui s’attardaient au grand-mât. Monsieur Starbuck,<br />

expédiez-les à l’arrière. Abattez la tente, là ! fut l’ordre suivant.<br />

Comme je l’ai déjà dit, cette marquise en fanons n’était jamais<br />

dressée qu’au port, et à bord du <strong>Péquod</strong> ; depuis trente ans, on<br />

savait bien que l’ordre d’abattre la tente suivait immédiatement<br />

celui de lever l’ancre.<br />

– Armez le cabestan ! Sang et tonnerre ! Sautez ! Et les<br />

hommes se ruèrent aux anspects.<br />

Lorsqu’un navire fait effort pour déraper son ancre, la<br />

place généralement occupée par le pilote est à l’avant du navire.<br />

C’est là que se tenait Bildad qui, tout comme Peleg – qu’on se le<br />

dise – en plus de ses autres qualifications, était l’un des pilotes<br />

brevetés du port ; on le soupçonnait d’avoir acquis ce brevet à<br />

seule fin d’économiser la redevance qu’il aurait dû verser à un<br />

pilote de Nantucket pour tous les navires où il avait des intérêts,<br />

car on ne l’avait jamais vu piloter d’autres bâtiments. On pouvait<br />

donc voir Bildad très occupé à regarder par-dessus la proue<br />

pour surveiller l’apparition de l’ancre, chantant par moments un<br />

couplet de ce qui semblait être un psaume lugubre destiné à encourager<br />

les hommes au guindeau qui, eux, braillaient avec<br />

conviction un refrain où il était question des filles de Booble<br />

– 165 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!