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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Se r<strong>et</strong>ournant vers <strong>le</strong> prisonnier, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>va sa badine en<br />

glapissant :<br />

— ... Espèce d’affreux dégénéré !<br />

Et el<strong>le</strong> <strong>le</strong> flagella jusqu’à ce qu’el<strong>le</strong> fût hors d’ha<strong>le</strong>ine.<br />

Takezō grimaçait de dou<strong>le</strong>ur tandis qu’Osugi se tournait<br />

vers Takuan, l’air menaçant.<br />

— Que vou<strong>le</strong>z-vous de moi ? demanda <strong>le</strong> moine.<br />

— C<strong>et</strong> assassin a ruiné la vie de mon fils.<br />

Toute tremblante, el<strong>le</strong> cria :<br />

— ... Et sans Matahachi, il n’y a personne pour perpétuer <strong>le</strong><br />

nom de notre famil<strong>le</strong> !<br />

— Mon Dieu, répliqua Takuan, perm<strong>et</strong>tez-moi de vous dire<br />

que de toute façon Matahachi n’a jamais valu grand-chose. Ne<br />

feriez-vous pas mieux, en fin de compte, de prendre pour<br />

héritier votre gendre ? De lui donner l’honorab<strong>le</strong> nom de<br />

Hon’iden ?<br />

— Comment osez-vous dire une chose pareil<strong>le</strong> ? Soudain, la<br />

fière douairière éclata en sanglots.<br />

— ... Peu m’importe ce que vous pensez. Personne ne <strong>le</strong><br />

comprenait. Il n’était pas vraiment mauvais ; c’était mon p<strong>et</strong>it.<br />

Sa fureur reparut, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> désigna Takezō.<br />

— ... C’est lui qui l’a dévoyé, qui en a fait un bon à rien<br />

comme lui-même. J’ai <strong>le</strong> droit de me venger.<br />

S’adressant à la fou<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> la supplia :<br />

— ... <strong>La</strong>issez-moi décider. Reposez-vous-en sur moi. Je sais<br />

quoi faire de lui !<br />

En c<strong>et</strong> instant, un cri de colère jailli des derniers rangs<br />

interrompit la vieil<strong>le</strong>. <strong>La</strong> fou<strong>le</strong> s’écarta comme une étoffe<br />

déchirée, <strong>et</strong> <strong>le</strong> nouveau venu s’avança rapidement vers <strong>le</strong> devant<br />

de la scène. C’était « Barbe hirsute » en personne, au comb<strong>le</strong> de<br />

la fureur.<br />

— Que se passe-t-il ? Ceci n’est pas une amus<strong>et</strong>te ! Fichezmoi<br />

<strong>le</strong> camp, tous. R<strong>et</strong>ournez travail<strong>le</strong>r. Rentrez chez vous. Tout<br />

de suite.<br />

Il y eut une hésitation, mais nul ne s’en alla.<br />

— ... Vous m’avez entendu ? Fi<strong>le</strong>z ! Qu’est-ce que vous<br />

attendez ?<br />

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