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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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eaucoup d’années ; il semblait pourtant que ce temp<strong>le</strong> avait été<br />

déplacé ou détruit sans laisser ni vestiges, ni souvenir.<br />

Rêveusement <strong>le</strong> jeune homme regardait un tourbillon<br />

blanchâtre se former <strong>et</strong> disparaître, se former <strong>et</strong> disparaître.<br />

Remarquant de la boue qui dégouttait d’une zone herbeuse, sur<br />

la rive gauche, il en conclut que cela provenait de la boutique<br />

d’un polisseur de <strong>sabre</strong>s.<br />

— Musashi !<br />

Il regarda autour de lui, <strong>et</strong> vit la vieil<strong>le</strong> religieuse Myōshū<br />

qui rentrait d’une course.<br />

— ... Que c’est gentil à vous de venir ! s’exclama-t-el<strong>le</strong>,<br />

croyant qu’il était là pour <strong>le</strong>ur faire une visite. Kō<strong>et</strong>su est à la<br />

maison, aujourd’hui. Il sera content de vous voir.<br />

El<strong>le</strong> lui fit traverser <strong>le</strong> portail d’une maison proche, <strong>et</strong><br />

envoya un serviteur chercher son fils.<br />

Après avoir cha<strong>le</strong>ureusement accueilli son hôte, Kō<strong>et</strong>su lui<br />

déclara :<br />

— Pour l’instant, je suis occupé à un polissage important,<br />

mais ensuite nous pourrons bavarder à loisir.<br />

Musashi eut plaisir à constater que la mère <strong>et</strong> <strong>le</strong> fils étaient<br />

aussi amicaux <strong>et</strong> naturels que lors de <strong>le</strong>ur première rencontre. Il<br />

passa l’après-midi <strong>et</strong> la soirée à bavarder avec eux, <strong>et</strong> quand ils<br />

<strong>le</strong> pressèrent de passer la nuit, il accepta. Le <strong>le</strong>ndemain, tandis<br />

qu’il lui montrait l’atelier <strong>et</strong> lui expliquait la technique du<br />

polissage de <strong>sabre</strong>, Kō<strong>et</strong>su pria Musashi de rester aussi<br />

longtemps qu’il <strong>le</strong> souhaitait.<br />

<strong>La</strong> maison, avec son portail d’une trompeuse modestie,<br />

faisait l’ang<strong>le</strong> au sud-est des vestiges du Jissōin. Dans <strong>le</strong><br />

voisinage se dressaient plusieurs maisons appartenant aux<br />

cousins <strong>et</strong> neveux de Kō<strong>et</strong>su, ou bien à d’autres hommes qui<br />

pratiquaient la même profession ; tous <strong>le</strong>s Hon’ami<br />

demeuraient <strong>et</strong> travaillaient là, suivant la coutume des grands<br />

clans provinciaux du passé.<br />

Les Hon’ami descendaient d’une famil<strong>le</strong> assez distinguée de<br />

militaires, <strong>et</strong> avaient fait partie de la suite des Shōguns<br />

Ashikaga. Au sein de la hiérarchie socia<strong>le</strong> en vigueur, la famil<strong>le</strong><br />

appartenait à la classe des artisans ; mais pour la richesse <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

prestige, Kō<strong>et</strong>su eût pu passer pour un membre de la classe des<br />

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