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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Quand <strong>le</strong> jour parut, Seinen apporta <strong>le</strong> déjeuner qu’avait<br />

demandé Musashi, ainsi qu’un message du grand-prêtre qui,<br />

tout en s’excusant de son impolitesse, pressait Musashi de partir<br />

<strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>.<br />

Musashi envoya un mot expliquant qu’il avait maintenant<br />

sur <strong>le</strong>s bras une vieil<strong>le</strong> femme malade. Le prêtre, qui ne voulait<br />

pas d’Osugi au temp<strong>le</strong>, fit une proposition. Il semblait qu’un<br />

marchand de la vil<strong>le</strong> d’Otsu, venu au temp<strong>le</strong> avec une vache,<br />

avait laissé l’animal aux soins du grand-prêtre cependant qu’il<br />

vaquait à d’autres affaires. Le prêtre offrit à Musashi l’usage de<br />

l’animal, disant qu’il pourrait descendre la femme jusqu’au pied<br />

de la montagne. A Otsu, l’on pourrait laisser la vache sur <strong>le</strong> quai<br />

ou à l’une des maisons de gros du voisinage.<br />

Musashi accepta c<strong>et</strong>te offre avec reconnaissance.<br />

Boire du lait<br />

<strong>La</strong> route qui descendait du mont Hiei aboutissait dans la<br />

province d’Omi, en un point situé juste au-delà du Miidera.<br />

Musashi menait la vache par une corde. Regardant pardessus<br />

son épau<strong>le</strong>, il dit gentiment :<br />

— Si vous <strong>le</strong> vou<strong>le</strong>z, nous pouvons arrêter pour nous<br />

reposer. Aucun de nous deux n’est pressé.<br />

Mais du moins, se disait-il, ils étaient en route. Osugi, qui<br />

n’avait pas l’habitude des vaches, avait d’abord catégoriquement<br />

refusé de monter sur l’animal. Pour la convaincre, Musashi avait<br />

dû faire appel à toute son ingéniosité ; l’argument qui l’avait<br />

emporté avait été qu’el<strong>le</strong> ne pouvait rester indéfiniment chez<br />

des prêtres, dans un bastion du célibat.<br />

<strong>La</strong> face contre <strong>le</strong> col de la vache, Osugi gémissait de dou<strong>le</strong>ur<br />

<strong>et</strong> tâchait de se redresser. Chaque fois que Musashi lui<br />

témoignait de la sollicitude, el<strong>le</strong> se remémorait sa haine <strong>et</strong> lui<br />

exprimait si<strong>le</strong>ncieusement son mépris d’être soignée par son<br />

mortel ennemi.<br />

Il avait beau fort bien savoir qu’el<strong>le</strong> ne vivait que pour se<br />

venger de lui, il ne parvenait pas à la considérer comme une<br />

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